lundi , 6 mai 2024
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2010 est encore une année de crise économique pour Madagascar. Empêtrée dans une impasse politique, la HAT ne peut réaliser son « programme de développement », chose inédite pour une transition. Afin de préserver un bilan positif, l’autorité de fait use de son pouvoir pour maîtriser les facteurs d’inflation et de mécontentement populaire. L’absence d’aides internationales se fait sentir de plus en plus.

L’Etat à court d’argent, une croissance malgré tout ?

Si l’on s’en tient aux prévisions de recettes, les résultats du premier semestre 2010 sont encourageants. Les recettes réalisées sur cette période n’ont pas atteint l’objectif de 1058 milliards d’ariary. Les 989 milliards d’ariary enregistrés dans la caisse de l’Etat n’ont rien de catastrophique. Les recettes fiscales ont largement contribué à ce bon résultat puisque la réalisation a dépassé les 100%, soit 587 milliards d’ariary. Les recettes douanières ont apporté 379 milliards d’ariary, soit 86% des prévisions.

Quand la HAT avait fignolé sa loi des finances, elle espérait le retour des aides internationales au cour de l’année 2010. C’est une mauvaise prévision ou prédiction. L’attente n’a pas été énorme puisque seulement 308 milliards d’ariary de financement d’aides ont été espérés. Finalement, il y aura  0 ariary enregistré à la fin du mois de juin. Seulement 2% des investissements publics proviennent d’un financement extérieur. Il s’agit de reliquats de fonds déjà alloué avant la crise.

L’Etat n’a pas d’argent, ce n’est plus tabou de le dire. La HAT a sacrifié le PIP (programme d’investissement public) qui ne représente que 6,15% des dépenses publiques au premier semestre 2010. L’enseignement supérieur, avec la construction de bâtiments pour loger les étudiants, et le ministère de l’Intérieur qui prépare les élections ont été les avantagés. De tel choix est souvent politique car il cache des intentions électorales. L’Etat se serre la ceinture car les finances entamées ne représentent que le quart des 3355 milliards d’ariary de budget au lieu de la moitié.

L’absence des aides budgétaires des partenaires et bailleurs de fonds étrangers a pesé lourd. Sur une prévision de 1329 milliards ariary pour les investissements publics, 81 milliards d’ariary ont été réellement disponibles. Le reste n’est que des lignes budgétaires. L’on attend encore une loi rectificative des finances pour intégrer les 100 millions de dollars soutirés à la firme chinoise Wisco comme frais d’attribution de contrat. La vente de l’avion présidentiel est toujours d’actualité. Les actualités autour de l’acquisition par le président français d’un avion « Air Elysée » ont relancé l’intérêt pour l’Air Force One 2 acheté par le président Ravalomanana. Finalement, les 60 millions de dollars pour un avion de luxe ne sont pas aussi scandaleux que cela.

La HAT n’hésite pas à intervenir pour arranger les paramètres économiques officiellement dans l’intérêt de la population. Elle s’est opposée à la hausse du prix des carburants et refuse d’accéder à la demande de la Jirama de réviser à +8% les tarifs de l’électricité. Résultat, l’inflation a été maîtrisée de force à 9,7%, bien en deçà des 13% de prévision. Le taux de pression fiscale est en léger recul, estimé à 10,5% des PIB. La croissance est positive mais elle n’est pas encore au rendez-vous. La HAT a espéré +2,6% à la fin du premier semestre. Le résultat obtenu n’est que de +0,8%.

Les grèves des étudiants, des professeurs et du personnel administratif et technique dans les différentes universités démontrent que l’Etat est à cours de budget de fonctionnement. Le ministère des finances appelle les autres départements à se serrer encore plus la ceinture. Des économies seront faites sur les dépenses en fournitures. La sous utilisation des lignes budgétaires laisse présager que les prévisions de la HAT dans sa loi des finances ont été surestimées.