vendredi , 26 avril 2024
enfrit
Après la suspension de l’envoi de travailleuses malgaches au Liban, les agences de placement agréées passent à l’offensive. Par une opération de communication, elles tentent de préserver le mythe de l’eldorado en mettent an avant quelques succes stories. Suite au décès récents de deux jeunes femmes, le débat n’est pas clos en attendant les conclusions de la mission de l’ambassade de Madagascar à Paris qui a été dépêchée au Liban.

Liban : destination de rêve ou enfer pour les travailleuses malgaches

Partir au Liban n’est pas un voyage pour l’enfer. C’est le message des agences de placement pour rassurer l’opinion. « Tout s’est bien passé pour moi. En trois ans, j’ai eu deux employeurs qui ont toujours été corrects avec moi », raconte Nelly, une mère de famille de 30 ans. A son arrivée au Liban, elle ne touchait pourtant que les 150 dollars mensuels promis en tant que femmes de ménage. « A la fin du mois j’ai été toujours payée, en liquide et en dollars. Comme je travaillais bien, mon employeur m’a donné quelques bonus », dit-elle avec fierté. Ce qui ne l’a pas empêchée de partir chez un autre foyer qui lui proposait le double. 300 dollars par mois, c’est l’eldorado quand on est logée, nourrie et blanchie chez un bon patron.

Selon une responsable d’un bureau de placement, la difficulté d’intégration des travailleuses malgaches s’explique par la barrière de la langue. « On les fait passer des test de français avec succès, explique-t-elle. Cependant, arrivées dans le pays et surtout une fois devant leur patron, elles ont un blocage ». Les jeunes femmes candidates au départ ont un niveau d’éducation moyen, généralement le BEPC. Quelques bachelières tentent aussi l’aventure. Pour Madame Odile, une autre ancienne expatriée, le problème est comportemental. « J’en connais quelques unes qui sont devenues la maîtresse de leur patron, c’est le point de départ de leur problème », déplore-t-elle.

La vie au Liban n’est pas aussi rose pour tout le monde. Un père de famille témoigne de l’enfer que traverse sa fille. « Elle a déjà été violée trois fois. Elle ne veut pourtant pas rentrer mais souhaite trouver d’autres employeurs », raconte-t-il, faisant part de son inquiétude. Un jeune homme témoigne de la mésaventure de sa sœur. « Elle a réussi à fuir de chez son patron. Elle est revenue au pays mais quand on l’avait accueillie à Ivato, elle ne savait même pas où elle était, elle n’a plus toute sa tête », témoigne-t-il. Deux anciennes employées de retour de Liban ont été officiellement admises à l’hôpital psychiatrique. Une quarantaine ont fui le domicile de leur employeurs sans pourtant rentrer au pays .

Les agences de placement ne peuvent pas garantir le meilleur des traitements aux candidates à des emplois de domestique au Liban. Elles s’en remettent à leurs partenaires dans ce pays pour faire le suivi des travailleuses. La mission dépêchée par le ministère du Travail et des Lois sociales va faire un état des lieux. « Il n’y a pas encore de décision ferme comme le retrait d’un agrément ». Les failles sur les contrats de travail ont été constatées. « Il n’y aucune garantie ni obligation des employeurs, il n’y a aucune disposition protectrice des employées malgaches au Liban ». Les bureaux de placement se montrent très coopératifs, aussi conciliants que généreux. Ils proposent de prendre en charge le rapatriement des travailleuses qui désirent rentrer.