Limogeage et démission : la grande explication

« J’ai fait mon travail, ma conscience est tranquille », c’est l’ancien Directeur général des douanes, Rabemananjara Fulgence, récemment remplacé en conseil des ministres, qui s’est exprimé de la sorte. Car après le Directeur général des impôts, c’est à celui des douanes d’apporter des explications sur le contexte qui a conduit à ce chambardement dans la haute sphère du ministère des Finances et du Budget. Le premier a démissionné de son poste, à la suite d’une « affaire » de cigarettes, tandis que le second a été limogé, vraisemblablement, pour la même raison. Le 15 mars, ainsi, c’est au tour du second d’apporter sa version des faits. Points communs, en tout cas, entre les deux hauts fonctionnaires : tous deux se déclarent avoir accompli, en tant que serviteur de l’Etat, leur devoir.

Le bouleversement au sein du ministère des finances et du budget, a priori, s’est fait à l’amiable. Sans rancune. Malgré les tournures quelque peu tapageuses qu’a revêtu l’événement. Car, moins d’une semaine après sa démission, le Directeur général des impôts a été aperçu par des journalistes au palais présidentiel d’Ambohitsorohitra, sortant du bureau du président Ravalomanana. « Nous sommes amis » annonce-t-il, en parlant de sa relation avec le chef de l’Etat malgache.

Les deux anciens hommes clés des Finances ont été conduits à cette mise en touche à la suite, notamment, d’une réduction de 50% du taux du droit d’accises appliquées sur des cigarettes importées par la société SIPROMAD. Laquelle avait annoncé aux autorités un projet d’implantation d’une unité de production de cigarettes de marque « Plaza ». Mais, dans le but de préparer le marché à ce nouveau produit, les promoteurs du projet avaient importé des cigarettes de la même marque, tout en demandant aux autorités financière du pays un allégement fiscal qui, ultérieurement, aura été accordé. Le taux appliqué, en réalité, a été aligné sur celui appliqué sur les cigarettes produites à Madagascar. Mais cette faveur accordée à SIPROMAD, assimilée par la suite à une corruption malgré son caractère légal, a débouché sur la démission du Directeur général des impôts et le limogeage de celui des douanes. Les deux hommes, dans tous les cas, se considèrent comme des grands serviteurs de l’Etat et du pays. Car selon l’ancien Directeur général des impôts, cette mesure, malgré les commentaires négatifs, laisse profiler une perspective d’augmentation de recettes fiscales pour l’Etat. Sans oublier l’importance des investissements et de la création d’emplois consécutifs à cette prise de décision.

A chacun, ainsi, sa plaidoirie. Dossiers à l’appui, l’ancien Directeur général des douanes, au cours d’une rencontre avec la presse, avait décortiqué cette « affaire » le 15 mars. A quelques mètres de là, l’ancien Directeur général des impôts déclare vouloir le rencontrer. Les deux hommes en effet sont contraints de quitter leur poste pour la même raison. Mais visiblement sans faire d’histoire.