samedi , 18 mai 2024
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A un bateau en dérive, dirigé par un commandant qui se perd dans ses cartes, il faut parfois un officier de la marine pour essayer de rectifier la trajectoire. Le vice-amiral d’Escadre Hyppolite Ramaroson n’a pas tari de métaphore pour décrire sa nouvelle mission en tant que ministre des Affaires Etrangères. Comme prévu, il avoue être à ce poste pour défendre la thèse selon laquelle le président Ravalomanana a quitté de lui-même le navire.

L’officier de la marine Ramaroson pour guider la HAT vers les eaux internationales

Quinze jours après la démission de Ny Hasina Andriamanjato, son successeur aux Affaires Etrangères, Hyppolite Ramaroson a officiellement pris ses fonctions à Anosy. Décidément, le Vice-Amiral d’Escadre est devenu en un an un vrai politicien qui parle beaucoup, plus rien à voir avec la grande muette. « Quand un bateau est en danger, vous avez le droit et le devoir de réveiller le commandant », dit celui qui revendique sa culture de marin comme seul bagage. Ce message d’avertissement s’adresse à Andry Rajoelina, le président des autorités de fait. Le Vice-Amiral rappelle la mésaventure du vrai commandant en chef qui ne l’a pas écouté. « J’ai parlé du temps du président Ravalomanana, + cela va trop loin+, raconte-il. Résultat, il y a des généraux qui arrivent chez le procureur (sic) ».

Hyppolite Ramaroson est intarissable. « Personne ne peut m’empêcher de parler, je dois parler quand il faut ».  Le jour de sa prise de fonction, il prononce le discours qu’on attend de lui en essayant d’effacer le contexte de coup d’Etat qui a entaché la prise de pouvoir de Andry Rajoelina. « Il n’y a pas eu de coup d’Etat à Madagascar le 17 mars 2009, j’en suis le témoin », réitère celui qui faisait partie d’un directoire militaire d’un jour. Ce qu’il y avait c’était un autoputsch, c’est Ravalomanana qui a été renversé pas lui-même ». Hyppolite Ramaroson avait-il influencé les deux autres généraux à faire un autoputsch au profit de Andry Rajoelina dont il a intégré la mouvance.

« Comment peut-on sanctionner Andry Rajoelina, je ne peux l’accepter, c’est un pouvoir qui était en notre possession et que nous lui avions transmis proprement, argumente le ministre Ramaroson. Il faudra aussi nous sanctionner tous les trois (généraux), il faudra donc aussi sévir contre Marc Ravalomanana qui a transmis un + faux + pouvoir et geler ses avoirs à l’étranger ». L’officier de la marine a une position à 180° de son prédécesseur pour ce qui est de la mise en place d’une transition consensuelle et inclusive dans l’esprit de la charte de Maputo. Hyppolite Ramaroson est totalement contre même s’il prétend rester ouvert. L’impunité, seule la mouvance Rajoelina en bénéficie depuis un an, pas question d’en faire profiter les autres par cet accord politique que le président de la HAT a lui-même signé. Le marin a parlé.

Pour le ministre démissionnaire, le nouveau chef de la diplomatie de la HAT a pour mission de faire accepter les résultats des élections par la communauté internationale. Ny Hasina Andriamanjato réfute l’hypothèse que son départ est un aveu de son échec sur le plan diplomatique. Comme justification, il avance que les sanctions internationales étaient prévues dès septembre 2009 mais ont été retardées grâce aux efforts du ministère des Affaires Etrangères. Si échec il y a, ce ne sera plus de la faute du fils Andriamanjato. Le politicien comprendre avec finesse aux extrémistes qui entourent Andry Rajoelina que son départ va faciliter la meilleure décision pour le pays. « J’ai pris la décision de démissionner du gouvernement pour aider le président Andry Rajoelina dans sa démarche de la mise en place d’un gouvernement d’union nationale ». Comme s’il allait être remplacé par une personnalité issue d’une autre mouvance politique.