dimanche , 5 mai 2024
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Contre vents et marées, Andry Rajoelina a décidé de passer à l’acte après avoir menacé de continuer à travailler avec l’équipe gouvernementale en place. Il a envoyé un signal fort par un conseil des ministres sur le budget 2010. Ce hold-up politique contre le gouvernement de consensus a été boycotté par les chefs de l’exécutif en place depuis Addis Abeba.

Loi des Finances 2010 : le hold-up de la mouvance Rajoelina

Le train du gouvernement Roindefo, dirigé désormais par Andry Rajoelina, continue à avancer. Iavoloha organise un conseil des ministres sans tenir compte des accords établis à Maputo et Addis Abeba. L’initiative est unilatérale et logiquement contestée par les autres mouvances qui affirment que le budget 2010 devrait être élaboré par le nouveau gouvernement. Le co-président de la transition issue de la mouvance Ravalomanana boycotte le conseil. Il prévient que les décisions issues d’un tel conseil des ministres « sont illégales et inopérantes», la convocation et la composition du conseil étant entachées d’irrégularité, si l’on se réfère à la charte de la transition. Ces décisions  ne seront avalisées par la contre-signature des co-présidents. 

Rien n’a encore été décidé à Iavoloha. Le conseil des ministres a permis au ministre des Finances et du Budget d’expliquer les enjeux du budget 2010 et de donner des directives aux ministres et aux secrétaires généraux présents pour ce qui est de la planification des dépenses. Le mot d’ordre sera toujours l’austérité. Avec un budget de fonctionnement le plus rationnel possible et des investissements publics réduits au minimum, l’Etat se donne les moyens d’organiser les différentes élections. Le fond du problème est compréhensible tout comme le manque de temps pour l’équipe gouvernementale de finaliser et faire voter le projet. Le débat concerne sur la forme.

Andry Rajoelina tente de gouverner de manière unilatérale sur une question capitale, le budget de l’Etat. Le président de la transition avait par ailleurs minimisé le rôle des co-présidents de la transition – que sa mouvance qualifie de co-président du conseil présidentiel et non pas du pays – dans les conseils des ministres. Selon le jeune TGV, c’est lui qui décide et que les deux autres – Fetison Andrianirina et Emmanuel Rakotovahiny – sont tenus informés de la décision. En clair, Andry Rajoelina veut faire croire que les co-présidents de la transition ne font que de l’émargement au conseil des ministres et qu’il ne s’agit aucunement de contre-signature. La cohabitation s’annonce difficile.

Si Fetison Andrianirina a été absent d’Iavoloha pour ce conseil des ministres avec l’ancien gouvernement Roindefo II, Emmanuel Rakotovahiny a fait le déplacement. Le co-président de la transition issu de la mouvance Zafy a été « ignoré » par les ministres de Rajoelina. Le fait de ne pas se lever pour accueillir le co-président n’est pas « un manque de politesse » mais un geste politique qui témoigne de la non reconnaissance. Comme son homologue Fetison Andrianirina, Emmanuel Rakotovahiny remet en cause la composition de ce conseil des ministres.

Andry Rajoelina a avancé comme prétexte « la continuité de l’Etat ». Nathalie Rabe, porte-parole du gouvernement et ministre de la Communication a évoqué l’urgence, l’élaboration du budget pouvant prendre 26 à 30 jours. Tout aurait pu aller bien pour le gouvernement Rajoelina si le premier ministre de consensus Eugène Mangalaza avait honoré de sa présence ce conseil des ministres. Le chef du gouvernement d’union nationale avait déjà déclaré accepter toutes les propositions des mouvances politiques pour former son équipe. Andry Rajoelina, lui, veut imposer son droit de véto, évoquant ses critères pour qualifier les ministrables. Il a même demandé des explications à Eugène Mangalaza sur la non constitution du gouvernement. Ce dernier est devenu la cible favorite des médias de propagande de la mouvance Rajoelina qui l’accusent de ne pas se mettre au service de la transition et de jouer le jeu de Didier Ratsiraka.