vendredi , 3 mai 2024
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L’empressement de l’OIF qui à accompagner la HAT dans la résolution de la crise politique malgache sur la seule foi d’un projet de feuille de route de la SADC laisse perplexe. L’organisation internationale conforte ainsi l’autorité de fait dans sa position omnipotente dans une transition censée être consensuelle. C’est une pression qui pourrait faire avorter le dialogue malgacho-malgacho au profit de l’unilatéralisme du régime transitoire en place.

L’OIF pour une élection sans résolution de la crise politique ?

La version finale de la feuille de route Simao n’est pas encore connue puisque le médiateur mozambicain a sérieusement arrondi les angles par rapport au premier texte faisant de Andry Rajoelina « le nouveau roi de Madagascar ». Les parties prenantes de la vie politique malgache, en l’occurrence les trois mouvances protagonistes, n’ont pas donné leur accord et sont encore en train de proposer des amendements qui risquent d’être rejetés par les TGV au pouvoir. Pour l’instant, la dite feuille de route a été acceptée par une multitude de partis récompensés par la HAT par un poste de parlementaire désigné mais qui n’ont pas de légitimité électorale.

Et pourtant, l’Organisation Internationale de la Francophonie est favorable à la feuille de route comme si elle était signataire du futur accord. Le document du médiateur Leonardo Simao n’a en effet aucune valeur que si elle était signée. Les formations politiques qui s’improvisent autour de la mouvance Rajoelina permettent d’avoir un semblant d’accord mais la crise n’en sera pas résolue. Hugo SAADA, délégué général de l’OIF, souligne que sa mission à Madagascar s’inscrit « dans le cadre de l’évolution positive de sortie de crise » par le biais d’un « projet de feuille de route en cours de finalisation ».

L’OIF met la charrue avant les zébus et parle de ses obligations d’accompagnement de processus de sortie de crise et d’élections, cela dans un pays membre qui est toujours suspendu. « La mission d’évaluation du processus électorale s’inscrit dans cette feuille de route que la francophonie soutient pleinement ». L’organisation propose à la HAT un appui pour des élections libres, équitables et transparentes. Le « référendum présidentiel » du 17 novembre 2010 a été gérée par l’autorité de fait et sa commission électorale avec maladresse, manipulation et improvisation pour faire élire et rendre éligible le chef de la transition.

Huho Saada parle d’ « élections crédibles qui rassemblent les partis politiques malgaches pour mettre fin à cette crise ». Avec la feuille de route pro-HAT et qui donne à Andry Rajoelina deux fois plus de pouvoir qu’un président de la République, ce rassemblement est loin d’être assuré. La Commission de l’Océan Indien attache plus d’importance à la signature d’un accord que l’OIF semble considérer comme une formalité. « Nous croyons fermement à cette feuille de route, nous avons confiance que cela va être signé », a déclaré le secrétaire général Calixte Doffay.

Le chef de l’autorité de fait a réitéré qu’il avancera si les autres refusent de monter dans le bateau. Le matelot autoproclamé amiral en destituant le commandant peut rester à la barre et avancer de manière unilatérale, si les autres n’acceptent pas de se soumettre et intégrer les institutions qu’il a mises en places par une simple ordonnance.