dimanche , 5 mai 2024
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Il n’y pas d’argent. Que ce soit les salaires des professeurs ou du personnel administratif, les retards de paiement s’accumulent. L’Université d’Antananarivo risque d’être paralysée faute de budget de fonctionnement. La subvention de l’Etat ne lui est pas encore parvenue, quatre mois après la rentrée universitaire. La tension monte à nouveau à Ankatso. Les étudiants malgaches boursiers dans un pays d’Afrique du nord ont eux aussi connu mauvaise fortune sous le règne de la HAT.

L’université d’Antananarivo en cessation de paiement

Le personnel administratif sont-ils aussi puissants que le syndicat des enseignants chercheurs dans l’exercice de la revendication. Les employés chargés de faire fonctionner l’université ont décidé de faire grève suite à un retard d’une semaine du paiement  de leur salaire. Commencé par un sit-in sur l’esplanade d’Ankatso, le mouvement risque de se radicaliser avec le blocage de l’entrée du campus. La présidence de l’Université met le ministère et l’Etat devant leurs responsabilités afin de débloquer les subventions.

Depuis la rentrée, l’Université d’Antananarivo a fonctionné sur fonds propre. Quatre mois après, la caisse est vide. Il n’est plus possible d’avancer les salaires du personnel administratif composés d’un millier d’agents ni d’acheter des fournitures comme le papier ou encore le carburant, a révélé le vice-président Jean Eric Rakotoarisoa. Le personnel administratif revendique le paiement de leur salaire mais promet de manifester au sein de l’Université. Paradoxalement, le ministère a investi dans la construction de résidence d’étudiants et parle d’un projet de deuxième université à Antananarivo alors que le budget de fonctionnement n’est même pas assuré.

Le ministère de l’Enseignement se cache derrière la complexité des procédures pour justifier le non paiement des salaires à l’Université d’Antananarivo. Athanase Tongavelo a essayé de faire croire que le retard de paiement des heures complémentaires des enseignants vacataires pour l’année 2009 était justifié par quelques cas suspects de fausse déclaration. Résultat, l’Ecole supérieure Polytechnique d’Antananarivo a vecu un mois blanc en juillet.

« Il n’y aura pas d’année » blanche se contente d’affirmer le ministre. Sous la pression des étudiants, le gouvernement de la HAT a fini par accorder le budget nécessaire. Sauf les enseignants qui ont déclaré plus de 900 heures de cours ne seront pas payés. Une enquête interne ou avec le concours du Bianco déterminera leurs cas. « Nous n’attendons pas la grève pour travailler » a clamé le ministre Tongavelo. Des déclarations contredites par les faits.

Le gouvernement de la HAT place les bourses d’études au sommet des priorités. La récupération politique du mécontentement des étudiants est toujours à éviter. Le budget pour payer les heures complémentaires de 2009 n’est pourtant pas astronomique et avoisinerait les 600 millions d’ariary, soit 100 000 heures de cours. Les intervenants professionnels qui compensent le manque d’effectif sont de plus en plus réticents. « Quand je viens à l’université pour deux heures de cours pays 12000 ariary, je dépense en tout 4 heures de temps, trajet compris, et 8000 ariary de carburant, c’est presque du bénévolat ». Ce cadre retraité du ministère de la Communication qui croyait arrondir ses fins de mois  déchante. « Je préfère enseigner dans un institut privé car on est sûr d’être payé et ce dès la fin du mois », dit-il.

Les malheurs du monde universitaire durant le régime de la HAT touchent aussi les étudiants malgaches dans le Maghreb. Privé de bourse d’études depuis la prise de pouvoir par l’autorité de fait, certains étudiants en Algérie ont été expulsés de leur cité et sont tombés dans la précarité. Le régime HAT a  finalement décidé de payer les arriérés de bourses d’études et la situation devrait s’arranger. En revanche, l’autorité Rajoelina décide de s’attaquer à d’autres « boursiers ». Il s’agit des ambassadeurs de Madagascar nommés sous le régime Ravalomanana, des diplomates « surpayés » et qui « ne servent pas la cause du pays ».