samedi , 4 mai 2024
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L’issue de la bataille pour la gestion partagée de la transition n’est pas encore connue. Poussé mais aussi pressé par ses partisans et par sa mouvance, Andry Rajoelina riposte contre ce qu’il qualifie de critiques systématiques proférées par les autres chefs de file de mouvance. Le jeune président de la transition paie le consensus qui a légitimé son coup d’Etat. Du coup, il reprend le discours guerrier de la place du 13 mai.

Lutte à un contre trois : Andry Rajoelina excédé

Andry Rajoelina tire à boulets rouges sur ceux qu’ils considèrent désormais comme ses ennemis politiques, du moins dans le contexte actuel. A Addis Abeba, il y avait du trois contre un, révèle-t-il. « L’adversaire de ces trois chefs de file, c’est celui qui dirige la transition, en l’occurrence ma personne », se plaint-il.  « Depuis tout ces temps-là, je n’ai jamais critiqué le professeur Zafy. C’est choquant. A Chaque fois qu’il y a la non réalisation de la mise en place du gouvernement, je suis systématiquement mis en cause, mon nom toujours cité. C’est aussi pareil pour l’Amiral Ratsiraka ». Il y a un peu de lassitude dans l’air.

Le refus d’aller à Maputo pour une énième discussion de la dernière chance entre les quatre chefs de file de mouvance est le nouveau cheval de bataille de la mouvance Rajoelina. La propagande est féroce car il s’agit avant tout de dénigrer les « anciens » présidents. Devant une presse composée de journalistes triés sur le volet, le président de la transition est monté sur ses grands chevaux pour fanfaronner sur l’un de ses thèmes favoris : le patriotisme. « Je n’aimerais pas que ce pays s’enfonce dans la crise, combien parmi les chefs de mouvances se soucient de l’intérêt de la nation », clame Andry Rajoelina. « J’ai accepté de diriger ensemble ce pays parce qu’il est inacceptable de faire du peuple malgache un otage », affirme-t-il.

 Andry Rajoelina reconnaît que beaucoup de chose restent en suspend dans l’acte additionnel de la charte de la transition malgache signée à Maputo. « Les négociations sont finies, on entre dans la mise en œuvre », revendique le président de la transition. Il essaie de limiter les casses puisque ce titre suprême obtenu grâce à un consensus avec les trois autres chefs de file s’est avéré cher payé sur le plan politique. Il qualifie son coup d’Etat comme « le changement désiré par le peuple » et qu’il faut accomplir.

La mouvance Rajoelina fait bloc derrière leur leader pour éviter de nouvelles concessions alors qu’elle était partie pour régner sans partage durant une transition unilatérale. Andry Rajoelina sauve les apparences et déclare en grande pompe : « Je décide de ne pas aller à Maputo ». Il évite ainsi de nouvelle confrontation avec les anciens présidents qui ont sérieusement écorné sa crédibilité sur le plan international. « La solution c’est la vidéoconférence », demande Andry Rajoelina, qui exige que l’ultime négociation soit étalée sur la place publique.

Pas question de profil bas. « Pour défendre l’honneur de la nation, pour protéger les intérêts du peuple malgache, je trouve que c’est honteux d’aller dans un autre pays pour régler la bataille des chaises et d’intérêts entre malgaches », attaque Andry Rajoelina. Il affirme que le blocage que l’on essaie de résoudre ailleurs concerne deux ou trois ministères. « J’implore les trois chefs de mouvance à chercher une vraie solution », dit-il, arguant que les ministères en question sont déjà ceux qui ont été laissés par la mouvance Rajoelina. Le président de la transition est loin d’être au-dessus de la mêlée.