dimanche , 28 avril 2024
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Malgré le dialogue affiché entre l’Etat HAT et le secteur privé, une tension latente est perceptible. La limitation des prix à la pompe que la loi autorise au gouvernement causerait un déficit important chez les distributeurs qui menacent de réduire la marge des détaillants. Les parties veulent trouver un accord avant que la pénurie ne s’installe de fait puisque personne ne veut vendre à perte.

Madagascar à la veille d’une crise pétrolière ?

Les gérants des stations services annoncent qu’ils ne passeront pas commande s’ils devaient vendre à perte. « Nous ne faisons pas grève », s’empresse de souligner Martin Rakotozafy, le président du Groupement Professionnel des Gérants Libres de Station Service (GPGLSS). Pour le moment, ce sont les pétroliers qui font des ventes à pertes. « Ils sont en train de voir les éléments à charge et la marge des détaillants en fait partie », explique-t-il. Les gérants de stations services brandissent l’arme du boycott tout en se défendant de mener une grève.

Le GPGLSS a trouvé un appui chez le ministre des Mines. Mamy Ratovomalala a rassuré les détaillants qu’il n’y aura pas de réduction de leur marge bénéficiaire. Y-a-t-il une alliance contre les distributeurs pétroliers ? Rien n’est-moins sûr puisque le GPLSS a plaidé en faveur des grosses compagnies lors de sa rencontre avec le ministre. Martin Rakotozafy rapporte que le groupement a fait des propositions pour que l’Etat puisse revoir à la baisse les taxes liées aux carburants.

Le montant de ces taxes définies en pourcentage augmente avec le prix de base. Comme le baril du pétrole a atteint les 120 dollars. Les TVA, les taxes sur les produits pétroliers et la redevance pour le fonds d’entretien routier augmentent.

Si l’Etat veut maintenir un prix plafonné à la pompe, il est invité à faire des efforts. Ce n’est pas gagné d’avance. « La diminution des taxes pétrolières n’est pas envisageable car cela relève de la loi, il faut une décision du parlement », se justifie le ministère des Mines.

Selon le ministre Mamy Ratovomalala, « le dialogue continue même individuellement entre le pouvoir public et les distributeurs ». Les compagnies pétrolières sont allées au conflit en attaquant la décision ministérielle sur la fixation des prix au tribunal.

Le conseil d’Etat a donné raison à… l’Etat, conformément à la loi. Le problème est que la mesure concernée peut être appliquée six mois durant. Or, les stocks importés à prix inférieurs devraient être écoulés en avril 2011. Les compagnies vont-elles vendre à perte pendant trois mois.

Madagascar ne peut se soustraire à l’impact de la hausse des prix sur le marché international, reconnaît Mamy Ratovomalala. Le ministre assure qu’il n’y aura pas de pénurie ni de grève des stations services. « Il y a une velléité des gens qui sont là pour propager des fausses nouvelles », a-t-il ajouté.

Le ministre Ratovomalala de marteler que les prix des carburants sont maîtrisés par l’Etat. La hausse des prix des carburants entraîne une inflation généralisée. Les transporteurs pourraient bénéficier d’un prix plus avantageux. Sans de véritables solutions à sa disposition, le ministre devra désamorcer le mécontentement populaire provoqué par ces deux poids deux mesures. Une véritable mine.