mardi , 30 avril 2024
enfrit
La répression de la manifestation devenue interdite de samedi dernier a alimenté la polémique entre les partisans de l’application des accords de Maputo et les autorités de la transition. Les premiers revendiquent la liberté d’expression et de réunion, les deuxièmes brandissent la menace d’arrestation.

Manifestation politique : la persévérance des uns contre la menace des autres

Le mouvement pour l’application des accords de Maputo insiste pour organiser une grande manifestation politique au stade de Mahamasina. « C’est dans le calme et dans la sagesse que l’on veut expliquer aux gens les tenants des accords de Maputo » a déclaré Fetison Andrianirina de la mouvance Ravalomanana. « C’est à Mahamasina que l’on peut garantir la sécurité et éviter les actes de vandalisme », s’est-il justifié.

« Nous faisons l’effort d’éviter les troubles, de faire à ce que le dialogue s’installe, plaide Fetison Andrianirina. Il faut cesser la répression du peuple malgache qui désire s’exprimer ». Se référent à l’affaire ONU, soit la privation de discours pour un Andry Rajoelina censé être le représentant de Madagascar, il estime qu’ « il est temps de revenir à la table des négociations»

Albert Zafy et Fetison Andrianirina, les leaders du mouvement pour l’application des accords de Maputo ont rendu visite aux blessés lors de la répression de la manifestation avortée de samedi dernier. Une femme a reçu trois balles dans les cuisses, une bavure attribuée à des militaires en état d’ivresse et qui, selon les autorités, ne faisaient pas partie des éléments des forces de maintien de l’ordre. Les autres blessés souffraient notamment de malaise respiratoire dû au gaz lacrymogène.
 
La ministre de la justice de la mouvance Rajoelina a tapé sur les doigts des forces de l’ordre suite à la bavure de samedi. « C’est un ordre formel que je donne aux forces de maintien de l’ordre pour qu’ils sachent se contrôler » (sic), a prévenu Christine Razanamahasoa. Elle a adressé une mise en garde encore plus menaçante envers les opposants au régime de transition. « Il y a des cerveaux derrières ces manifestants, il y en a qui ne pensent qu’à semer le trouble et à déstabiliser le régime de transition », tance la ministre.

Christine Razanamahasoa avance des arguments relevant de la loi pour justifier la répression des manifestations des opposants au régime de transition. « Il est interdit de créer des attroupements et d’occuper le stade de Mahamasina, ils essaient encore de faire le forcing, c’est complètement illégal », dit-elle. La ministre de la Justice adresse une menace à peine voilée congre les politiciens issus des mouvances Ravalomanana et Zafy. « Les meneurs de ces troubles ne devraient pas penser être à l’abri en pouvant bénéficier de l’amnistie », prévient-elle. 

L’implication du ministère de la Justice pour mater les différents mouvements de contestation du régime de transition de fait est de plus en plus importante. Christine Razanamahasoa de clamer à chaque fois qu’il y a un Etat dans le pays et la loi y existe. Elle rappelle aux opposants que les autorités sont en possession d’une liste des personnes à arrêter. En tout cas, sur les dix-sept manifestants appréhendés à Mahamasina, une douzaine ont été placés sous mandat de dépôt.