mardi , 7 mai 2024
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En conseil des ministres, les autorités de la transition ont décidé de mettre fin aux manifestations des légalistes sur la place de la démocratie. Pour ce faire, une interdiction à toutes manifestations de nature politique a été décrétée. En face, les partisans pour le retour à l’ordre constitutionnel font face.

Manifestations interdites, opposition plus radicale, la crise se précise

Il ne faut pas faire ce que nous avons fait et faîtes ce que nous vous disons. On peut caricaturer ainsi la situation actuelle du gouvernement de la transition qui rencontre une opposition plus active de la part des légalistes. On se croirait trois mois en arrière sauf que les rôles sont inversés. En interdisant officiellement toutes manifestations politiques, le premier ministre Monja Roindefo espère faire des leaders du mouvement pour le retour à l’ordre constitutionnel sur la place de la démocratie des hors-la-loi.

Le motif avancé est la préservation de la paix sociale à laquelle les malgaches aspirent. Le gouvernement Roindefo reproche aux opposants d’avoir fait d’une manifestation présumée pacifique un affrontement avec les forces de l’ordre avec la destruction des biens d’autrui. Ce que contestent évidemment les légalistes qui reprochent aux forces de l’ordre de s’en être pris par surprise à des gens qui manifestaient dans le calme. La réplique de la foule est donc une conséquence logique.

L’interdiction de manifester est aussi un moyen  de serrer l’étau autour des pro-Ravalomanana. Ces derniers ne se sont plus cantonnés sur la place de la démocratie. Après avoir été empêchés par les militaires et des bandes de jeunes violents de marcher vers la place du 13 mai, plus d’un avaient cru que le mouvement allait s’essouffler sur le jardin d’Ambohijatovo. La marche vers Anosy en passant par Ambohidahy a sonné l’alerte chez la HAT.   

Par le « devoir de défendre les institutions », le secrétaire d’Etat Organès Rakotomihantarizaka justifie malgré lui la défense du palais présidentiel, du Trésor public et du ministère des Finances le 07 février 2009. En tant que meneur lors des différentes tentatives de prise d’institution, il est aussi coupable que ceux qu’il accuse aujourd’hui. Les légalistes n’ont pas l’intention d’envahir quoique ce soit. Ce qu’on essaie d’empêcher, c’est que le tribunal ou la Haute Cour Constitutionnel prononce un avis favorable au recours déposés par ceux qui réclament le retour à l’ordre constitutionnel.

Les pro-Ravalomanana tentent de s’engouffrer dans les brèches résultant d’une certaine maladresse des autorités de la transition pour déclencher des actions légales. Pour entretenir la résistance, ils comptent sur les anti-HAT et les militants qui sont véritablement légalistes. L’interdiction de la manifestation pourrait raviver la lutte comme cela a été le cas des militants TGV en janvier.

Signe de la radicalisation du mouvement, les légalistes ont fait une veillée sur la place de la démocratie en l’honneur de Richard Randriamanjato, un jeune fonctionnaire militant tué le 21 avril 2009 à Anosy qui n’est pas la première victime dans leur camp.
Comparé au mouvement du TGV, cette date correspond à l’étape de la radicalisation, le 26 janvier. La différence est que les légalistes n’ont pas touché à la télévision nationale ni à aucune autre chaîne privé, n’ont pas pillé ni incendié des commerces. Le seul point commun est l’incendie de voiture, même si les TGV ont brûlé un plus grand nombre. On redoute le retour en action des vrais pilleurs.