vendredi , 26 avril 2024
enfrit
6 morts, une quarantaine de blessés. Tel est le bilan de l'affrontement entre la population fianaroise et les gendarmes,la semaine dernière. 6 martyrs de plus à l'heure où l'on se souvient des morts de 1947.

Martyrs d’hier et d’aujourd’hui

Ainsi, la liste des victimes de la pression des
gouverneurs dans les cinq provinces s’allonge.
L’insécurité règne. Mais le patriotisme pousse la
population à continuer la lutte malgré le danger qui
menace quotidiennement. Toutes les provinces autonomes
de Madagascar ont connu des affrontements entre les
anciens tenants du pouvoir et la population,
affrontement qui a conduit à des blessés et des morts.
Après Mahajanga, ce furent Antananarivo, Toamasina,
Toliara. Tout dernièrement Fianarantsoa a aussi vécu
l’horreur du sang. De même, dans quelques grandes
villes telles Ambatondrazaka, Sambava et Nosy Be, il y
a eu des heurts sanglants. Officiellement, plus d’une
trentaine de morts ont été enregistrées jusqu’ici.

A l’instar de ce qui s’est produit à Antananarivo en
février, ce sont des milices possédant des armes à feu
ou des armes blanches qui sont intervenues pour
intimider ou pour dérouter les manifestations de la
population. Mais il y a aussi des moments où ce sont
des commandos qui agissent, à l’exemple de ce qui
s’est passé à Nosy Be, une île touristique dans le
nord où le Colonel Coutiti, « terroriste » bien connu
des Malgaches a tué sauvagement, après lapidation des
leaders de la lutte populaire. Et dans certains cas,
ce sont des éléments de la force armée, sous
commandement des gouverneurs qui tirent avec des
grenades offensives et des balles réelles sur la
population, cas des troubles à Toamasina et à
Fianarantsoa. De 1947 à 2002 Madagascar commémore ce
29 mars le 55ème anniversaire de la journée des
martyrs pour l’indépendance de Madagascar.

En 1947, entre 89000 et 100000 Malgaches ont trouvé la
mort par les représailles des colonisateurs qu’étaient
les Français. Ils ont lutté pour l’indépendance de
Madagascar. Comme résultat, l’indépendance est
proclamée le 26 juin 1960. Cependant, en 1972, la
révolte populaire avait pour cause le refus de
l’indépendance sur papier obtenue en 1960, une révolte
qui a entraîné la chute du président Tsiranana par qui
cette indépendance partielle a été signée. Là encore,
des milliers ont laissé leur peau. Le Général
Ramanantsoa régnait jusqu’en février 1975 où lui aussi
est obligé de quitter le pouvoir au profit du Colonel
Ratsimandrava. Ce dernier est assassiné une semaine
plus tard. Pendant presque 16 ans, sous le régime
Ratsiraka, d’autres hauts responsables militaires et
civils sont tombés sans que l’on ait pu éclaircir les
raisons de leur soudaine disparition. En 1991, on a
voulu changer un régime qui a enlisé la nation dans la
pauvreté totale.

La « marche de la liberté » du 11 août 1991, vers le
palais présidentiel a causé la mort à un nombre
imprécis de personnes. La troisième république en
découla avec un retour inattendu de Ratsiraka dans sa
deuxième phase. Une dizaine d’années après, les
Malgaches veulent mettre un terme à la corruption
généralisée qui règne dans le pays et la domination du
régime au pouvoir qui oppresse toute une population et
tous les secteurs aussi bien administratifs
qu’économiques et juridiques. Ils se sont prononcés en
masse le 16 décembre 2001 par la voie des urnes,
votant au changement. Devant un résultat non conforme
à leur choix, ils ont opté pour la descente dans la
rue. Une manifestation qu’ils ont voulu faire dans la
non-violence et avec la sagesse d’un peuple qui prône
la prière comme une arme efficace contre toute
agression.

Mais voilà, on est arrivé à des tueries commanditées
par d’autres Malgaches qui ne veulent en aucun prix
lâcher le pouvoir et arrêter de piller la richesse
d’un pays. La population a été maintes fois prévenue
par le président sortant lui-même qu’en choisissant
une personne autre que lui, les Malgaches connaîtront
une instabilité politique qui se répercutera sur leur
quotidien. Mais pour les manifestants, ce sang versé
mouillera la terre et fertilisera la lutte menée
depuis plusieurs dizaines d’années, voire une centaine
d’années. Ces personnes tombées d’une façon ou d’une
autre, ce sont des martyrs qui ont prouvé le
patriotisme de tout un peuple. La lutte cessera quand
Madagascar, aussi riche en hommes qu’en ressources
naturelles, aura sa place dans ce monde. Quand les
Malgaches jouiront de tous leurs droits d’homme libre
et pourront vivre dans le respect mutuel. Cette
fois-ci, la lutte a comme mots d’ordre : vérité et
sainteté. Au moins une chose est acquise, le
tribalisme n’a plus sa place dans le monde malgache.
La lutte se poursuit, elle sera menée jusqu’au bout,
même si le chemin est long !