jeudi , 2 mai 2024
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Le général Noël Rakotonandrasana a fait la passation de service au nouveau ministre de la Défense nationale, le promu général de Brigade et premier ministre Camille Vital. La situation a été « bloquée » mais n’était pas explosive. Habillé d’un treillis tout neuf et coiffé d’un béret rouge, le général Vital est plus que jamais le nouvel homme fort du pays.

Ministère de la défense : une passation de service dans une fraternité de façade

Six heures de négociations, autant de retard dans le début de la cérémonie de passation, il y avait de la tension à Mahazoarivo, ce mercredi 14 avril 2010. C’est le général retraité Mounibou qui a joué le médiateur. Camille Vital refuse de parler de négociation. « Dieu merci, la situation est débloquée… Il n’y a pas eu de deal ».  La passation de service s’est déroulée au palais de la primature et non pas à Ampahibe, au ministère de la Défense. « Je suis le premier ministre et en même temps membre du gouvernement », se justifie le général Vital. Il balaie d’un revers de la main toute supputation autour d’un risque mutinerie ou un geste de désobéissance de la part des partisans du général Rakotonandrasana.

Le contexte de cette passation de service est compliqué, reconnaît le général Vital. Son prédécesseur avait en effet affirmé qu’il pouvait ne pas partir malgré son limogeage. Après des explications entre hommes, c’est le soulagement et l’apaisement. Le premier ministre évoque la fraternité entre militaires. « Quand nous recevons un ordre, on fait garde à vous et on s’exécute », dit-il. Il pardonne volontiers l’écart de langage de son prédécesseur à la Défense nationale. « Avant d’être un militaire, on est humain, avant d’être un homme, on n’est un citoyen », clame Camille Vital.

« Par respect de la discipline et de la hiérarchie, je prends comme un honneur de faire la passation de service », déclare le général Rakotonandrasana. Il a réitéré son dévouement au président de la HAT, Andry Rajoelina. Limogé après avoir été soupçonné de fomenter un coup d’Etat contre l’autorité de fait, l’ancien ministre de la Défense montre du doigt les médias qui ont provoqué sa chute. « Ce qui a été paru dans les journaux, c’était une interprétation, pas le fait », tance-t-il. Noël Rakotonandrasana parle d’un projet ou d’un mouvement qui réunit des militaires et des personnalités issus de la société civile et des opérateurs économiques.

Un militaire à la tête du gouvernement tout en occupant un portefeuille ministériel, le cas Vital n’est pas une première. Le général Charles Rabemananjara a cumulé la primature et le ministère de l’Intérieur. Sa légitimité n’a jamais été remise en doute. L’actuel premier ministre peine à s’imposer aussi bien dans le milieu politique que dans le cercle militaire. Andry Rajoelina lui donne une dimension nouvelle en le propulsant ministre de la Défense puis, presque au lendemain, lui décerner les étoiles d’un général. Une récompense politique qui fait jaser car le machiniste du gouvernement TGV est monté train en marche.

Camille Vital a en effet mis sa carrière militaire entre parenthèses. Il a été en situation de disponibilité après avoir tenté de briguer la mairie de Tuléar. Sa candidature avait été finalement refusée. Même en tant que premier ministre, il n’a pas toujours eu une autorité sur les forces armées commandées par des nouveaux généraux. L’attitude de défiance du général Noël Rakotondrasana envers le colonel chef de gouvernement a poussé Andry Rajoelina à clarifier la hiérarchie. Ce qui compte désormais c’est la promotion d’entrée à l’académie militaire et non pas la date de l’accession au grade de général de brigade. Camille Vital est de la 10ème promotion tandis que son prédécesseur Noël Rakotondrasana et de la 11ème.