samedi , 27 avril 2024
enfrit
A force d’abuser à légiférer par ordonnance au mépris des autres textes de loi ou d’accords politiques signés, la HAT peine à démontrer la légalité de son régime et de ses actes. Qui de mieux que son ancien premier ministre Monja Roindefo pour dénoncer les dérives d’un Etat qui s’éloigne de plus en plus des valeurs démocratiques.

Monja Roindefo critique la HAT: la revanche d’un premier ministre volé

Plus lui et son entourage font l’objet de mesure restrictive ou d’intimidation de la part de l’autorité de fait, Monja Roindefo semble tirer profit de la situation dans son nouveau costume d’opposant à la nouvelle HAT et comme défenseur de « la lutte populaire » de 2009. Et quand il se met à critiquer le régime dont il est désormais exclu, c’est en tant que premier ministre « légal », rappelant volontiers la décision de la Haute Cour Constitutionnelle qui a légitimé le régime de transition de fait, soulignant que le président de la HAT et le premier ministre devraient être maintenus à leur fonction durant la période transitoire. Débarqué de Mahazoarivo à cause de l’accord de Maputo, Monja Roindefo estime qu’il devait retrouver son poste tout comme le président de la transition est redevenu le président de la HAT, une fois que le dit accord est devenu caduc.

Monja Roindefo Zafitsimivalo multiplie les sorties médiatiques pour critiquer l’autorité de fait au gré des actualités. Il dénonce la manipulation politique derrière le projet « Tsena mora » qui ne serait qu’une action « tape à l’œil ». « Il aurait dû y avoir un appel d’offre puisque l’on y investit de l’argent public », affirme l’ancien premier ministre de la HAT. Il conteste le succès social de ce marché à bon prix aux couleurs des TGV qu’il taxe d’être « une épicerie personnelle » financée par le dénier de l’Etat. Pour Monja Roindefo, une personne dans la nécessité perd à faire la queue pendant des heures pour acheter deux kilos de riz et que celui-ci aurait gagné plus s’il a passé tout ce temps à faire ses activités quotidiennes. En résumé, ce genre d’épicerie politique fait perdre la fierté à son bénéficiaire et un peu de sa dignité.

Sur le plan politique, Monja Roindefo dénonce le calendrier électoral décidé unilatéralement par la HAT et ses alliés, à commencer par le « simulacre de référendum ». Il épouse le point de vue des trois mouvances sur l’inutilité de « cette concertation populaire qui ne résoudra pas la crise politique et ne sera pas reconnue par la communauté internationale ». Selon Monja Roindefo, l’Union Africaine va certainement renforcer les exigences démocratiques formulées par l’Organisation internationale de la Francophonie.

Le « changement » divise les auteurs du coup d’Etat militaro-civil de 2009. Pour Monja Roindefo, la HAT de Andry Rajoelina fait fausse route en forçant le passage par un référendum et une élection communale très controversés. Il dénonce le caractère très peu sérieux des préparatifs et le gaspillage de l’argent public pour une cause qui serait perdue d’avance. L’ancien premier ministre de la transition nommé sur la place du 13 mai estime que les élections préparées par la HAT sont loin d’être libres, transparentes et démocratiques alors que Andry Rajoelina lui-même prétendait en faire des modèles en Afrique.