dimanche , 28 avril 2024
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Est-ce que c’est Andry Rajoelina qui est obligé de ménager ses partisans, au point de vouloir faire un coup d’Etat contre les deux co-présidents de la transition. Est-ce que Fetison Andrianirina et Emmanuel Rakotovahiny font-ils une usurpation de fonction. Le flou est savamment entretenu par les médias contrôlés par la HAT y compris l’audiovisuel national.

Mouvance Rajoelina : coup d’Etat médiatique contre les deux co-présidents de la transition

Les interprétations de l’acte additionnel d’Addis Abeba divergent toujours même si les contradictions sont liées à l’appartenance politique des personnalités et des médias. On peut toujours admettre que le recul de la langue française à Madagascar explique une différence de niveau de compréhension de texte. La vérité est que l’acte signé à Addis Abeba est volontairement flou. Les précisions apportées ne font que compliquer le texte. Dans l’article 1, « il est institué un Conseil présidentiel composé de deux postes de co-présidents de la Transition », c’est la faille trouvée par la mouvance Rajoelina et ce dernier lui-même.

L’interprétation est assez osée. Ce passage voudrait dire que Fetison Andrianirina et Emmanuel Rakotovahiny ne sont que des conseillers du président de la transition. Ou encore, ces deux personnalités issues des mouvances Ravalomanana et Zafy ne sont que deux-coprésidents du conseil présidentiel. Dans ce dernier cas, cela supposerait que d’autres conseillers présidentiels devraient être nommés pour intégrer le conseil. Un pas que Andry Rajoelina ne peut pas franchir puisque le dit conseil n’a que deux membres avec un statut de co-président de la transition. En tout cas, l’idée de la coprésidence passe mal dans les rangs de la mouvance Rajoelina.

Et pourtant Fetison Andrianirina admet que Andry Rajoelina est le président de la transition. C’est vrai qu’il conteste le statut de président omnipotent du maire d’Antananarivo qui a pris le pouvoir en mars 2009. Pour celui qui a été à la tête de la délégation Ravalomanana durant le processus de médiation, la fonction de président de la transition est avant tout un titre protocolaire. Personne n’ira constater à ce que Andry Rajoelina reçoive seul la lettre de créance d’un ambassadeur. Le diplomate en question a par ailleurs mis fin à la récupération politique de son geste empressé en rendant une visite de courtoisie au co-président de la transition.

Selon l’acte additionnel d’Addis Abeba à la charte de la transition malgache, il y a bel et bien un partage de pouvoir à la tête de l’Exécutif. C’est le consensus concédé par un Marc Ravalomanana qui ne voulait pas d’un putschiste à la tête de la transition et d’un Andry Rajoelina qui est contraint de lâcher une partie de ses acquis. Le jeune TGV était-il conscient de ce qu’il était en train de perdre à Addis Abeba. Visiblement il n’a pas compris une équation apparemment simple : l’existence de deux co-présidents de la transition signifie qu’il n’a plus que 33% de son pouvoir.

Au début, Andry Rajoelina pensait que les fonctions de vice-président et de co-président étaient pareilles. Il s’est enfoncé encore plus en remerciant la mouvance Zafy d’avoir lâché la vice-présidence pour une coprésidence. Emmanuel Rakotovahiny ne demandait pas tant. Puis, le jeune président essaie de se rattraper en affirmant que ceux qui sont censés partager son pouvoir ont le même rang qu’un ministre assistant au conseil.

Quant à Fetison Andrianirina, il estime qu’il n’y a pas de rapport de subordination entre le président et les deux co-présidents. Il conteste aussi tout droit de véto de Andry Rajoelina. En clair, les grandes décisions au sommet de l’Etat, selon lui, se prennent à trois. La contre-signature des actes pris en conseil des ministres sera la manifestation de ce partage de pouvoir. Dans le camp de la mouvance Rajoeilna, on essaie de relativiser en affirmant que toutes les décisions ne seront pas prises en conseil, ni de ministre ni présidentiel. Dans un contexte de transition gérée par un gouvernement d’union nationale ou de consensus, cela ressemble une fois de plus à un coup bas, ou d’Etat.