samedi , 18 mai 2024
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A quelles concessions Andry Rajoelina doit-il se livrer. Confiant sur sa reconduction implicite à la tête de la transition, le jeune TGV rencontre à Maputo trois barrières pas forcément insurmontables. Il doit encore faire des… sacrifices.

Mouvance Rajoelina : encore plus de concessions pour préserver la présidence de la transition

Andry Rajoelina et sa mouvance devront choisir entre la présidence de la transition et le poste de chef de gouvernement. Et pourtant, ils ont pensé que la plus haute fonction durant la période transitoire était acquise.

Les TGV sont venus à Maputo pour essayer de garder la mainmise sur le gouvernement et obtenir une majorité dans le futur parlement. Face à la difficulté des négociations, ils doivent revoir à la baisse leur ambition. Avant son départ pour Maputo, Andry Rajoelina a fait entendre qu’il ne va pas faire plus de concessions qu’il n’en faut.

La mouvance Rajoelina pose comme préalable le maintien de Andry Rajoelina à la tête de la présidence de la transition. Les alliés de la HAT considèrent cet acquis comme immuable. Ce qui est contesté par les trois autres mouvances à Maputo. Dans les premiers accords, ni dans la charte de la transition, le nom de Rajoelina n’est pas explicitement cité en qualité de président de la transition.

Pour Marc Ravalomanana, la prérogative de désigner le président de la transition revient au président élu et démissionnaire. L’ancien chef d’Etat aurait fait du lobbying auprès de ses homologues pour contester la présidence de fait de Andry Rajoelina. Les prisonniers politiques de premier plan étant déjà libérés, la mouvance Ravalomanana se concentre enfin sur la distribution des rôles dans les futures instances de la transition.

Didier Ratsiraka revendique être à l’origine du mouvement populaire et veut pour sa mouvance la tête de la transition. Au nom du sacro-saint équilibre régional, il avance que le poste de président de la transition devra être confié à un « côtier » et celui du premier ministre à un originaire des hauts plateaux. L’amiral anéantit ainsi le tandem Andry Rajoelina-Monja Roindefo vouant au moins l’un d’entre eux au sacrifice.

Contrairement aux deux anciens présidents qui se sont engagés à ne pas participer à la direction de la transition, Albert Zafy n’est pas contre l’idée de retrouver le sommet de l’Etat. Par ailleurs, il estime que la présidence de la transition ne doit pas échouer à celui qui a mené le mouvement populaire.

Après Maputo I, Andry Rajoelina a clamé haut et fort qu’il a déjà fait assez de concession. Or, il n’a encore presque rien donné puisque les lests lâchés par le président de la HAT concernent les accords sur les cas Ravalomanana et Ratsiraka. Les deux anciens présidents ont obtenu à deux degrés différents une pré-amnistie.

En accordant des faveurs, en particulier, l’annulation des peines, la libération des prisonniers politiques mais pas l’arrêt des poursuites judiciaires à l’encontre de ceux-ci, Andry Rajoelina a pensé légitimement avoir donné assez de monnaie de change. A Maputo, il s’est permis de sortir de la salle de négociation.

Le message est clair pour la mouvance Rajoelina. Si ce deuxième rendez-vous capote, la HAT aura toujours l’arme judiciaire contre les personnalités de la mouvance Ravalomanana qui n’ont bénéficié que d’une liberté provisoire ou conditionnelle. Le sort de Ratsiraka et consorts sera suspendu à la loi d’amnistie qui n’est pas près d’être promulguée.