vendredi , 3 mai 2024
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La deuxième journée de la rencontre de Maputo a été un peu plus tendue que la première. Les quatre chefs de mouvance ont débattu de l’amnistie à huit clos. Andry Rajoelina est prêt à rétablir Didier Ratsiraka mais toujours décidé à éliminer politiquement Marc Ravalomanana.

Négociation à Maputo : le difficile marchandage de l’amnistie

Premier pari gagné pour Didier Ratsiraka. Les trois autres mouvances ont accédé à sa requête sur l’amnistie de toutes les fautes et condamnations dans le cadre de la crise politique de 2002, mis à part les exceptions d’usage. La mouvance Ratsiraka a proposé un projet de texte au Groupe international de contact. Le document a été analysé par des juristes puis ajusté. Il est enfin prêt pour signature.

Andry Rajoelina prévient qu’il est à Maputo pour une seule chose : la signature d’une convention ou charte globale qui va régir son régime de transition. Sa mouvance propose la charte de Panorama donnant tous les pouvoirs possibles au président de la HAT.

Le jeune homme fait valoir son autorité et refuserait de signer des actes spécifiques comme celle de l’amnistie de 2002. Ce refus est stratégique car il permet de ne pas laisser entrouverte une porte qui l’obligera à donner son accord pour l’amnistie de la crise de 2009. Or, Andry Rajoelina, le TGV, certains de ses alliés politiques, des militaires mutins… n’ont pas été irréprochables et sont susceptibles d’être rattrapés par les événements.

Tant qu’il a le pouvoir, l’amnistie est la principale monnaie de change de Rajoelina dans ces négociations. Le fait d’en être virtuellement le dépositaire le place en position de force par rapport à ses adversaires directs lors de la prochaine élection présidentielle. Ayant monté de nombreux dossiers contre Marc Ravalomanana, la HAT n’a jusqu’ici obtenu qu’une seule condamnation plus que discutable : quatre ans de prison et une amende de 70 millions de dollars pour l’achat de l’avion présidentiel qui est un bien de l’Etat malagasy.

A part ce procès express, la mouvance Rajoelina doit se contenter de grand déballage pour juger le président élu. En réalité, la question de l’amnistie discutée à Maputo ne devra concerner que l’achat de l’avion présidentiel. La présomption de culpabilité véhiculée par la HAT sur Marc Ravalomanana, des leaders du mouvement légaliste, des parlementaires TIM… n’est que de la propagande.

L’actuel chef de la transition est-il prisonnier de la pression de ses alliés. En tout cas, il a réitéré plus d’une fois qu’il n’acceptera jamais que l’on puisse donner l’amnistie à Marc Ravalomanana. La délégation Rajoelina hausse le ton et affirme ne pas accepter le retour au pays du président élu que ce soit en tant que président de la République ou en tant que simple citoyen.

Pour la mouvance Ravalomanana, le retour à l’ordre constitutionnel reste la priorité des priorités. Elle propose le schéma de la transition de 1991. Marc Ravalomanana serait rétabli dans sa fonction de président mais ne disposant plus du plein pouvoir. Une autorité de transition gère les affaires courantes notamment la préparation des élections.

Le médiateur de la SADC Joachim Chissano limite les négociations, dans le centre de conférence international qui porte son nom, aux quatre chefs de mouvance. Il a même demandé à tout le monde de quitter les lieux pour que les discussions puissent avancer dans la sérénité. Ce qui n’a pas manqué de rendre l’atmosphère encore plus tendue chez les délégations.