lundi , 29 avril 2024
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Des mini coups d’Etat dans les communes urbaines, la HAT essaie d’imposer ses pions à la place de maires élus généralement sous les couleurs de l’ancien parti au pouvoir, Tiako i Madagasikara. Le ministre de l’Intérieur tente de justifier l’injustifiable, évoquant la continuité dans les décisions gouvernementales, au détriment de la loi. L’installation de ces illégitimes présidents de délégation spéciale (PDS) n’est pas sans opposition.

Nomination de PDS : l’administration HAT au-dessus de la justice

Que ce soit à Tuléar ou à Manakara, la HAT veut mettre un PDS à la mairie, coûte que coûte. C’est sans compter sans la détermination des maires victimes et de leurs partisans qui sont confortés dans leurs droits par la loi. A Tuléar, la période de suspension d’un mois du maire en exercice n’a pas été renouvelée, faute de dossier sérieux pour l’incriminer. Résultat, il est en droit de retrouver sa place à l’hôtel de ville mais doit composer avec le PDS nommé pour le remplacer.

A Manakara, la situation est beaucoup plus complexe puisque la HAT tente de faire le forcing malgré une décision défavorable du conseil d’Etat. L’affaire aurait dû être classée et le maire élu remis en place. L’enjeu dépasse de loin le cadre local, il s’agit pour le gouvernement Vital d’affirmer son autorité. L’explication du ministre de l’Intérieur, Jean, est sans équivoque : « il y a eu un PDS qui a été nommé par l’Etat, comme toutes les désignations, il y a ceux qui approuvent ceux qui désapprouvent mais c’est la décision du gouvernement, celle du ministre, voilà la réalité ».

Le ministre Jean semble ne s’en tenir qu’aux décisions du gouvernement de la HAT sans faire référence aucune à la décision de justice – un arrêt du Conseil d’Etat – annulant ladite nomination. « Avant, le gouvernement a décidé, aujourd’hui, il s’y tient et ne changera pas demain », affirme-t-il. Est-ce un gouvernement au-dessus des lois ? En tout cas, Jean le ministre ne se préoccupe pas des principes de la démocratie. « L’administration n’est pas démocratique », reconnaît-il. « On ne pose pas la question qui voulez-vous comme responsable, comme directeur, comme chef de service ».

Dans son étrange exposé, le ministre de l’Intérieur de la HAT ne finit pas d’étonner : « Ce n’est pas que c’est une décision du précédent gouvernement que cela ne va pas être exécutée par l’actuel », insiste Jean. « On la maintient, on la met en application jusqu’à ce que… » Il n’en dira pas plus.

Comme le gouvernement de la HAT persiste à destituer le maire de Manakara malgré l’arrêt défavorable du Conseil d’Etat, il y a une véritable lutte de pouvoir. Le PDS Alban Sileny ne veut pas s’effacer malgré l’illégalité avérée de son autorité de fait. La bataille est devenue politique. Les adversaires du maire élu vont jusqu’à affirmer que s’ils ont participé au mouvement populaire de 2009, c’était pour destituer le maire et que le Conseil d’Etat sera responsable des conséquences de la réinstallation de l’élu Giscard Andriano.

Le PDS de Manakara accuse les journalistes de propager des mensonges émis par le maire élu, sans faire un recoupement à son niveau. Le discours est classique dans les rangs de la HAT quand la presse ne va pas dans le sens de sa propagande. Alors que des journaux avaient relaté l’arrestation des partisans du maire légitime et légal de Manakara, Alban Sileny fait un démenti : « il n’y a pas eu de troubles ni de morts à Manakara mais un genre d’emmerdement (sic) perpétré par l’ancien maire ».

Pour le chef de l’autorité de fait de cette ville du sud-est de Madagascar, ce n’est pas la population de Manakara qui ont manifesté contre lui mais quelque 90 ou 100 individus qui ont été payés 5000 ou 10 000 ariary. Ce n’est pas non plus les citoyens de Manakara qui l’ont choisi, encore moins élu.