lundi , 29 avril 2024
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Il était temps pour le premier ministre Vital de former son gouvernement, cinq mois après sa nomination. Le caractère opportun de cette formation ne fait sûrement pas l’unanimité. Les trois autres mouvances et la société civile désapprouvent. Sur le plan international, la France n’a pas été aussi prompte à cautionner la HAT et l’Afrique s’insurge.

Nouveau gouvernement unilatéral : la fausse solution à la crise décriée

Le nouveau gouvernement Vital n’est pas une solution mais une manière de faire évoluer une crise à un autre stade. Fetison Andrianirina de la mouvance Ravalomana a dénoncé une énième initiative unilatérale de Andry Rajoelina. Il estime que les caractères inclusif et consensuel qui sont essentiels ne se retrouvent pas dans ce gouvernement. Il préconise donc le retour à un dialogue politique pour mettre en place une transition qui sera dirigée ensemble par les différentes mouvances et les autres sensibilités politiques.

Ange Andrianarisoa de la mouvance Ratsiraka insiste lui aussi sur la nécessité de trouver un accord politique avant toute formation d’un gouvernement. Il a marqué la distance prise par le parti Arema et la mouvance avec les personnalités qui sont toujours présentes dans le gouvernement de la HAT.

Les « dames » de la société civile sont sur le front avec le CCOC (Collectif des Citoyens et des Organisations Citoyennes) pour dénoncer les avancées unilatérales de l’autorité de fait. Selon Lalao Randriamampionona, « ce gouvernement pose un problème et n’en résout pas ». Elle réitère qu’un consensus doit être trouvé avant toute prise de décision censée faire sortir le pays de la crise.

Pour le CCOC, il est clair que le gouvernement Vital est basé sur une seule mouvance politique. Le collectif estime que celui-ci ne pourra apporter de solution parce que certaines forces politiques n’y sont pas. Il propose le dialogue comme solution et préconise un retour à Pretoria. « Ce dialogue ne doit pas être focalisé sur une idée imposée », précise Lalao Randriamampionona.

La formation d’un gouvernement « technico-militaro-TGV » n’a pas eu l’effet escompté comme cela a été le cas avec la déclaration de Andry Rajoelina confirmant l’impossibilité de sa candidature à l’élection présidentielle. Ni la France, ni les pays francophones habituels alliés de la HAT n’ont plébiscité cet acte unilatéral qui signifie à la communauté internationale la fin du dialogue politique à Madagascar. La HAT ne cherche plus la reconnaissance immédiate mais veut absolument mettre fin à la transition en gardant le pouvoir. Des pays africains se sont mobilisés à ce que le jeune « putschiste » et « dictateur » malgache ne soit pas invité au sommet France-Afrique.

Cela fait quatre mois que le premier ministre Camille Vital avait eu la mission de former un gouvernement de transition qui devait conduire à une sortie de crise. En janvier, c’est-à-dire un mois après sa nomination, Andry Rajoelina lui en a donné l’ordre sans fixer un délai, tirant des leçons du faux gouvernement d’ouverture de Monja Roindefo monté en seulement 72 heures. Pour le général Camille Vital, les tractations avec les autres mouvances politiques ont été aussi infructueuses.

La mouvance Rajoelina garde donc la main sur le gouvernement avec deux tiers des membres. Le tiers restant est partagé à des militaires et à des purs techniciens. La nouvelle équipe gouvernementale n’est plus à vocation d’union nationale ni de salut public. Elle a deux missions précises : conduire les affaires courantes et préparer les élections.

Cette vocation électorale retrouvée sème le doute puisque la HAT avait mis en place une commission électorale indépendante, de manière unilatérale, justement pour préparer, organiser et contrôler les élections. Cet amalgame est illustré par la nomination du dénommé Jean, le représentant des administrateurs civils dans la CENI au poste de ministre de l’Intérieur.