lundi , 29 avril 2024
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La force spéciale de l’opération Tandroka est revenue à Antananarivo après deux mois de mission sans avoir mis la main sur le chef des dahalo Remenabila. Malgré le retour de la sécurité et la fin des attaques de villages, le succès n’a pas été total. Les officiers de la gendarmerie concernés se défendent d’avoir abattu sans raison des présumés voleurs de zébus. Une trentaine de morts sur des bandits qui attaquent par 300, un tel bilan serait honorable.

Opération Tandroka, la gendarmerie se justifie et se défend

L’ennemi public n°1 pour la capture duquel la HAT a offert de fortes récompenses aurait été blessé gravement par balle, mais les tentatives pour lui mettre la main dessus ont été déjouées. La force spéciale menée par le colonel René Lylison a pourtant réussi à éliminer des bras droits ou lieutenants de Remenabila.

Le dénommé Tsirinasy était abattu. Ce chef de dahalo menait des attaques commanditées par son gendre qui n’est autre que Remenabila. « D’après les témoignages de dahalo capturés, le fils de ce Tsirinasy détient tout un arsenal avec quelque 80 fusils d’assaut et armes de guerre », rapporte le commandant de la Force d’Intervention Spéciale de la HAT. En tout, 27 fusils et des munitions ont été récupérés. Ce qui laisse conclure que de nombreux présumés dahalo abattus n’étaient pas armés ou portaient une arme blanche. 

Le colonel Lylison a réagi aux accusations d’exécutions sommaires que ses hommes auraient commises. « Il y a eu des morts mais tous dans le cadre d’un accrochage », se défend-il. L’attaque la plus meurtrière « n’a fait que 16 victimes » parmi les dahalo.

Sur les 129 victimes recensées officiellement, une trentaine de dahalo « seulement » serait tombées sous les balles des forces de l’ordre. Un chiffre qui paraît largement en dessous de la réalité à moins que l’on ne compte pas les victimes collatérales ou les citoyens confondus avec des dahalo. Le reste est donc attribué aux villageois qui se seraient défendus.

Ceux qui n’ont pas opposé résistance ont été arrêtés. Parmi les quelque 70 arrestations, 29 prévenus ont été placés sous mandat de dépôt à Taolagnaro ou retenus à la gendarmerie de Betroka. « Les vols de zébus ont aujourd’hui cessé », a conclu le colonel Lylison.

Le Secrétaire d’Etat à la Gendarmerie est le seul à faire profil bas en reconnaissant que les résultats de l’opération Tandroka sont insuffisants. Les populations du sud craignent une vengeance de Remenabila et espèrent le remplacement rapide des hommes du colonel Lylison qui comptaient dans leurs rangs des gendarmes mai aussi des militaires issus du Régiment d’artillerie lourde et des commandos du 1er RFI. Aucune perte humaine n’a été enregistrée du côté de la force spéciale. 

Thèses de toute part

Si l’ancienne parlementaire Louisette Raharimalala avait évoqué une commande de 6000 zébus passée auprès de Remenabila, le colonel Lylison est allé dans le même sens. « Il y a toujours eu de vols de zébus, mais les choses ses sont aggravés depuis l’ouverture de l’exportation. De l’étranger, la demande était pressante et l’opération Remenabila a eu lieu ».

« Tout est parti du projet Valabe qui visait déjà à exporter des zébus par Fort-Dauphin mais qui est tombé à l’eau, car l’ancien président Ravalomanana a été renversé. A l’époque, on avait déjà planifié un vol massif de zébus et des armes de guerre ont été distribuées aux dahalo ». Le commandant du FIS associe aussi le phénomène Remenabila à un mobile politique à l’approche des élections. « Il y a des gens qui veulent se faire de l’argent pour financer leur campagne électorale ».

Le grand spécialiste des thèses, le général Richard Ravalomanana, a survolé celles qui ont déjà été entendues comme des Sri-Lankais ou Thaïlandais qui voudraient disposer des vastes terres du grand sud. Il abonde aussi sur le dessous politique de cette affaire et disculpe d’emblée la HAT qui a encouragé les forces de l’ordre à mettre fin à l’insécurité.