jeudi , 2 mai 2024
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A défaut de pouvoir séduire la population de la capitale, les opposants s'acharnent sur les villes de provinces. Dans le but, non avoué, de créer le syndrome de 1971.

Opposition : acharnement sur les villes de provinces

Sans but précis, l’opposition, incarnée par le CRN de l’ancien président Albert Zafy, organise à tour de bras des rassemblements publics dans les villes de province, notamment à Toamasina (Est), le fief de l’ancien président Didier Ratsiraka. Des membres de cette formation politique de l’opposition, mercredi 9 avril, avaient tenté de profiter d’un mouvement de revendication estudiantine pour rameuter une nouvelle fois la foule, mais sans succès.


Alors qu’Antananarivo, la capitale, vit des heures paisibles, Toamasina(Est) et Toliara (Sud), et sans doute bientôt Mahajanga (Ouest), sont la cible d’organisateurs patentés de meetings politiques sans objectif clair que de semer la pagaille. Dans ces actions, le CRN – dont certains dirigeants sont issus, on le sait, de l’ancien régime – et dans une moindre mesure le KMMR, l’ancien comité de soutien au président Marc Ravalomanana, se révèlent les champions. L’objectif serait a priori de déstabiliser le pouvoir à partir des provinces. Soit, une tentative de lancer en quelque sorte, à partir d’une région donnée, un mouvement de contestation voire de rébellion, comme en 1971 quand le parti MONIMA avait essayé de provoquer une révolte paysanne violemment réprimée dans le Sud du pays.


A la fin de cette semaine encore, le KMMR prévoit un autre meeting politique à Toliara. Les deux entités qui s’opposent de la sorte au nouveau pouvoir – le KMMR et le CRN – ont cependant du mal à parler d’une seule voix. Les deux mouvements politiques, chacun de leur côté, lancent, à tire-larigot, des critiques acerbes à l’endroit du gouvernement. Et puisque le recours, au niveau du parlement, à une éventuelle motion de censure, pour obtenir un changement de gouvernement, ou encore à une motion d’empêchement, pour démettre le président de la République, est rendu impossible en raison de la domination des pro-Ravalomanana au sein de la Chambre basse, les opposants ont choisi la rue pour s’exprimer. Mais sans pour autant arriver à mobiliser la grande foule.


Certains politiques, ainsi, sont habitués aux pratiques anciennes : celles, dit-on dans la haute sphère de l’Etat, de la déstabilisation chronique. Le parti AREMA de l’amiral Ratsiraka, maniant la politique du bâton et de la carotte, continue d’exiger, dans le même temps, la tenue d’une hypothétique conférence nationale de réconciliation. Et revendique par ailleurs l’annulation de la condamnation de son Secrétaire national, Pierrot Rajaonarivelo, lequel a été condamné par la Justice malgache à cinq ans d’emprisonnement ferme pour complicité à usurpation de fonction. Mais, du moins pour l’instant, le régime a d’autres préoccupations.