vendredi , 17 mai 2024
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Après un camouflet retentissant de la perquisition du domicile du président Marc Ravalomanana, la ministre de la Communication cache son embarras derrière un sourire grinçant. Nathalie Rabe fait des supputations et des affirmations gratuites pour justifier une mesure judiciaire et spectaculaire mais totalement infructueuse pour mettre fin à l’émission d’une radio pirate.

Perquisition à Faravohitra : pas d’émetteur radio mobile dans la résidence Ravalomanana

L’huissier de justice a constaté qu’aucun des matériels indiqués, notamment un émetteur de radio FM n’a été trouvé dans le domicile de Marc Ravalomanana sis à Faravohitra, Antananarivo. La perquisition demandée par le ministère de la Communication n’a rien donné. Et pourtant, le commandant de la Gendarmerie de la région Analamanga, l’incontournable colonel Richard Ravalomanana avait déployé des moyens importants. Pour une perquisition dans une maison vide, le déploiement des dizaines de gendarmes armés de kalachnikov relevait d’une démonstration de force.

Vers 08 heures, les forces de l’ordre ont encerclé Faravohitra. Les riverains croyaient que l’opération s’agissait d’un assaut. Le colonel Richard Ravalomanana semblait étonné de voir Me Hanitra Razafimanantsoa, l’avocate du président Marc Ravalomanana arriver sur les lieux. La présence de cette femme de loi a chamboulé un plan mal préparé, en particulier sur le plan juridique. Il a fallu que l’huissier demande un nouveau mandat de perquisition au tribunal. Selon Me Razafimanantsoa, le premier mandat était « blanc », sans indication du lieu à perquisitionner.

« On ne voulait pas entrer par effraction, il a fallu faire toute l’opération en respectant la loi », se justifie la ministre Nathalie Rabe. Elle fait référence à la correction du mandat et à la présence nécessaire de l’avocat du propriétaire des lieux. Trois heures après leur arrivée à Faravohitra, les forces du colonel Ravalomanana pouvaient pénétrer dans la « Résidence Ravalomanana », un nom inédit inventé par le juge.

Les fouilles ont duré trois heures et ne donnaient rien. « Les techniciens de l’OMERT ont insisté sur la présence de matériels émetteurs dans cette propriété. Pour lever tout soupçon, nous les avons permis à entrer même si le mandat de perquisition ne leur donnait pas ce droit, rapporte Me Hanitra Razaafimanantsoa. Ils ont cherché mais ils n’ont rien trouvé ».

Me Hanitra Razafimanantsoa, ne cache pas sa satisfaction sur cette petite victoire. Le gouvernement du régime de fait a perdu la face dans cette affaire. La ministre de la Communication tente de sauver la face. « Vous devez savoir, s’adresse-t-elle aux journalistes, que cette propriété est un palais, il y a des issues non officielles (SIC) et des voies souterraines ». Elle persiste malgré le camouflet et rappelle que la radio pirate émettant sur FM 89.2 ou 89.6  a encore diffusé son programme illégal le matin de la perquisition. Nathalie Rabe a une foi indéboulonnable envers les techniciens de l’OMERT qui lui avait affirmé que la « radio pirate » incriminée diffusait à partir de la « Résidence Ravalomanana » même le jour de la perquisition. 

La présence d’une antenne de communication sur le toit de ce qui est qualifié de « palais présidentiel privé » est-elle aussi extraordinaire que cela. Nathalie Rabe est réduite à faire de la démonstration par l’absurde. Elle insinue que, sûrement, quelqu’un a fait sortir l’émetteur en question pendant que l’huissier de justice fait corriger le mandat de perquisition. « C’est facile à transporter, dit-elle, puisqu’il s’agit d’un émetteur mobile ». Et l’endroit choisi par les contrevenants pour diffuser leur radio pirate mobile est la maison du président en exil ! En tout cas, pour justifier cette opération, la ministre Nathalie Rabe met en doute malgré elle la compétence des techniciens de l’OMERT et surtout des forces de l’ordre qui auraient laissé quelqu’un sortir le matériel à saisir.