vendredi , 3 mai 2024
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Le meeting politique organisé à Toamasina pour fêter le retour au pays du secrétaire national de l’Arema a fait du remous chez les autorités de la transition. Pierrot Rajaonarivelo qui avait été un allié il n’ y a pas longtemps serait déjà devenu un adversaire à craindre.

Pierrot Rajaonarivelo, un autre adversaire à surveiller pour la HAT

L’embarras a été de taille et l’est toujours. Pierrot Rajaonarivelo a déjà désobéi plus de deux fois à l’autorité de la transition. A priori, le secrétaire national de l’Arema ne fait rien d’illégal. C’est le fait qu’il ne suit pas les recommandations émises publiquement par le gouvernement Roindefo qui crée un certain malaise susceptible de se transformer en tension.

Gracié par Andry Rajoelina en même temps que les autres « prisonniers politiques » emprisonnés pour coup d’Etat, crime ou autre faute pénale, Pierrot Rajaonarivelo est rentré au pays contre l’avis du premier ministre Roindefo qui a fait valoir un étrange argument légal pour le dissuader. Ce retour du plus illustre des exilés a signifié la « déliquescence de l’Etat ».

Maigre consolation pour les autorités, la grande fête préparée à Ivato pour accueillir Pierrot Rajaonarivelo a été annulée. Interdit de faire un meeting politique, celui-ci a respecté la consigne mais a tout de même parlé avec ses partisans. Puis, c’est le silence radio. C’est à Toamasina que le secrétaire national de l’Arema refait surface. La ville du grand port lui a réservé un accueil des plus chaleureux digne d’une campagne électorale.

Le discours ne peut être que politique. Pierrot Rajaonarivelo mène son combat : une amnistie générale. Il plébiscite le retour au pays des tenants du pouvoir avant le régime Ravalomanana, à savoir l’ancien président Didier Ratsiraka, l’ancien premier ministre Tantely Andrianarivo et d’autres membres du gouvernement de celui-ci.

Même si l’élection présidentielle n’est pas encore évoquée, Pierrot Rajaonarivelo donne l’impression d’être déjà en campagne. Il en fallait moins pour rendre nerveux les autorités de la transition. C’est l’incontournable secrétaire d’Etat à la Sécurité publique qui s’est chargé de tancer le secrétaire national de l’Arema. Le motif est des plus surprenants : un garde du corps qui porte une kalachnikov photographié dans un journal !

Le problème relève donc de la sécurité publique. « Il ne faut pas banaliser le port de fusil par un civil » se justifie Organes Rakotomihantarizaka même si ces éléments armés de kalachnikov et vêtus de costards seraient finalement des gendarmes. Pierrot Rajaonarivelo est averti. Il risque d’attirer la foudre des autorités de la transition. Ne se contentant pas de son « deal » avec Andry Rajoelina, le secrétaire national de l’Arema veut être sûr d’obtenir l’amnistie.

Un Pierrot Rajaonarivelo amnistié, c’est un problème supplémentaire pour la HAT. Le secrétaire national de l’Arema avec le président Ravalomanana seront des adversaires difficiles à battre. L’équation est simple mais risquée : disqualifier Marc Ravalomanana par tous les moyens, prendre du temps pour appliquer la loi d’amnistie, après l’enregistrement des candidatures pour la course à la magistrature suprême. Modifier la constitution afin de permettre à Andry Rajoelina de se porter candidat à seulement 35 ans ne sera plus nécessaire si celui-ci renonce à se présenter.

La HAT est déjà à pied d’œuvre dans sa campagne de dénigrement du président Ravalomanana. Il reste encore à annihiler la ressource financière que représente le groupe Tiko et dissuader le parti TIM. Il n’y a pas de place que pour deux dans un deuxième tour d’une élection présidentielle. Le TIM et l’Arema sont de trop aux yeux des jeunes loups de la politique comme Monja Roindefo ou Rolland Ratsiraka. Les proches de Pierrot Rajaonarivelo ont déjà prévenu que l’autorité de la transition se trompe d’adversaire en s’en prenant à l’Arema.