lundi , 6 mai 2024
enfrit
L'un des fléaux auxquels le nouveau régime n'a su, jusqu'à présent, trouver une solution adéquate est incontestablement celui des Dahalo, ces bandits de grand chemin qui terrorisent les campagnes malgaches.

Politisation du phénomène Dahalo

 


Le phénomène serait étroitement lié à celui de la pauvreté chronique dont sont victimes la majorité des Malgaches. Deux militaires, membres du corps des réservistes, il y a quelques semaines, ont été tués au cours d’accrochages avec des Dahalo, dans la région Ouest du pays. Le commandant en chef de l’armée, le général Sylvain Razafimandimby, certes, parle d »‘incompétence militaire », mais la situation traduit l’ampleur du dégât que causent souvent, dans le milieu rural, les Dahalo qui sont, généralement, des experts en vol de zébus. 


Dans le Sud-Est du pays, des groupes de malfrats font souvent leur entrée dans les villages, selon des témoins oculaires, pour piller les maisons, dans une ambiance de fanfare, instruments de musique traditionnelle en main pour certains et, dans le même temps, fusil d’assaut à l’épaule pour les autres. Un jeune médecin originaire de Vangaindrano témoigne : « Mon père, policier retraité, a décidé, la nuit, d’attacher les zébus près de la fenêtre de sa chambre à coucher pour parer à toute éventualité, le poste de la gendarmerie se trouvant trop loin de chez nous ».


Aucun régime, depuis l’avènement de l’Indépendance de la Grande Ile, en 1960, n’a su trouver une solution durable au phénomène Dahalo. Et aucun service compétent n’est en mesure de dénombrer leur victime. Personne, a priori, ne voudrait se lancer dans ce décompte macabre car, c’est de notoriété publique, il arrive que les Dahalo en viennent à massacrer des populations sans défense après avoir dérobé argent et zébus. Les multiples « opérations » militaires de la deuxième République, dans les années 80, qui ont pourtant autorisé de nombreuses exécutions sommaires de supposés Dahalo, n’avaient, au demeurant, abouti à aucun résultat probant.


La province d’Antananarivo, province la plus peuplée de Madagascar, est également victime du fléau. La quasi-totalité des régions rurales est, aujourd’hui, classée zone rouge. Mais, explique le chef de province, « l’on n’exécute point les Dahalo, l’on essaie plutôt de combattre la pauvreté, quand il n’y aura plus de pauvres, il y aura de moins en moins de Dahalo ». Un optimisme que certains observateurs ne partagent pas. Beaucoup redoutent en effet, en constatant que la situation empire dans certaines régions, le spectre d’un phénomène politiquement téléguidé. L’objectif serait de démontrer que le nouveau régime est incapable de résorber l’insécurité dans le milieu rural.