dimanche , 5 mai 2024
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La Cour criminelle d'Antananarivo a condamné l'ancien président Didier Ratsiraka à 10 ans de travaux forcés et à un million FMG d'amende pour détournement de fonds publics.

Première condamnation judiciaire pour l’amiral Ratsiraka

Ce pourrait être le début d’une série de condamnation. Les faits à lui incriminés étant multiples, notamment à la suite de la crise post-électorale de 2002. L’ancien président de la République, Didier Ratsiraka, a été pour la première fois condamné, mercredi après-midi 6 août, à 10 ans de travaux forcés et à 1.000.000 FMG d’amende par la Cour criminelle de la capitale pour détournement de fonds publics. Au nom du sacro-saint principe de l’égalité de tous devant la loi, d’autant que les faits ont été perpétrés juste après la défaite électorale de l’amiral Ratsiraka, la Justice a préféré éluder le débat sur la compétence de la Cour criminelle ordinaire à juger l’affaire. Des commentateurs ayant soutenu, peu avant la tenue du procès, que Didier Ratsiraka, tout comme les autres anciens hauts responsables de l’ancien régime, devait être jugé par la Haute Cour de Justice, une Cour prévue par la Constitution malgache mais dont la mise sur pied, pour différents motifs, tarde à se concrétiser.

Les faits incriminés à Didier Ratsiraka consistent en un détournement de quelque 50 milliards FMG, de juin à juillet 2002, à partir de la succursale de la Banque centrale de Madagascar à Toamasina (Est), son ancien fief politique, alors qu’il n’était plus officiellement président de la République. Ses deux supposés complices, Blandin Razafimanjato, ancien ministre et proche collaborateur de l’ex-chef d’Etat, et Velomita Ferdinand, éphémère gouverneur de la Banque centrale, ont été respectivement condamnés à six ans de travaux forcés et, également, à 1.000.000 FMG d’amende.


La condamnation a été, naturellement, assortie d’un mandat d’arrêt, alors que les trois personnalités concernées, actuellement, sont en exil, en France, à la suite de la crise politique de 2002. C’est, en tout cas, la première fois que la Justice, à Madagascar, condamne un Chef d’Etat. La première tentative de poursuite judiciaire, à l’encontre de l’amiral Ratsiraka, notons-le, est celle qui fait suite à la répression sanglante du 10 août 1991. Alors président de la République, faisant face à un mouvement de contestation, Didier Ratsiraka a fait tirer sur la foule ce jour-là. Une affaire vite étouffée au retour de l’ancien dictateur au pouvoir en 1997. Sa condamnation est interprétée, aujourd’hui, comme une irréversible fin politique.