lundi , 6 mai 2024
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Un accord a été finalement arraché à Addis Abeba entre les quatre mouvances politiques. Andry Rajoelina sauve l’essentiel, son poste de président de la transition. Il devra toutefois partager le pouvoir avec deux présidents, ce qui constitue le point central de l’acte additionnel de la charte de Maputo. C’est une demi-défaite pour la mouvance Rajoelina et une demi-victoire pour le camp Ravalomanana.

Présidence collégiale : titre conservé mais pouvoir partagé pour Rajoelina

Andry Rajoelina demeure président de la transition. Une nouvelle fois l’annonce de la nouvelle suscite une polémique et ouvre des brèches d’interprétation. Le président de la HAT conserve en partie son acquis, un pouvoir gagné avec la foule et une faction de l’armée, mais il a deux co-présidents. Fetison Rakoto Andrianirina de la mouvance Ravalomanana et Emmanuel Rakotovahiny de la mouvance Zafy intègrent la présidence collégiale. Les trois co-présidents devront se réunir au moins une fois par semaine pour faire fonctionner cette collégialité à la tête de l’Etat.

Un président encadré par deux co-présidents, cela ne signifie-t-il pas qu’il y a trois co-présidents de la transition. Le sens littéral du mot co-président clarifie les choses : il s’agit d’une personne qui exerce la fonction de président conjointement avec une ou plusieurs autres. Le triumvirat évoqué par Didier Ratsiraka puis Ravalomanana a finalement été adopté au détriment d’un Andry Rajoelina pourtant intransigeant. Ce dernier sauverait les apparences en étant à la tête du Conseil de la présidence qui regroupe le président et les deux co-présidents, ou les trois co-présidents. Dans l’exercice du pouvoir, il faudra trois signatures pour les décisions prises à la tête de l’exécutif.

La mouvance Andry Rajoelina avait pris la nouvelle avec enthousiasme car elle y a trouvé une bonne nouvelle. Quelques heures après, c’est l’abattement dans les rangs du TGV. Le partage de pouvoir plonge les militants pro-Rajoelina dans le désespoir. La déception est motivée par un sentiment de défaite mais on ose à peine reprocher au jeune leader d’avoir cédé à Addis Abeba. Par contre, le grief contre Albert Zafy est acerbe. L’ancien président n’a pas tenu sa promesse d’appuyer Andry Rajoelina. Ce dernier s’est fait aussi tiré les oreilles par le professeur qui l’a traité de « gamin ».

La mouvance Ravalomanana peut fêter sa victoire même si cette dernière n’est pas entière. Le projet TSAR ou Transition sans Andry Rajoelina a échoué. A tout le moins, « l’auteur d’un coup d’Etat » ne gouverne plus seul le pays durant le reste de la transition. Fetison Andrianirina a par ailleurs le triomphe modeste. « Tous les trois, on va diriger ensemble le pays… on saura travailler ensemble… on demande la bénédiction des malgaches », dit-il. Ny Hasina Andriamanjato de la mouvance Rajoelina tente d’éteindre la polémique autour de cette co-présidence inédite. Selon lui, ce n’est pas l’interprétation qui importe mais la mise en application de cet acte additionnel de la charte.

Andry Rajoelina doit réviser à la baisse son ambition de gouverner le pays comme s’il avait été élu avec un mandat. Les projets pour développer le pays et les promesses « populistes » seront remis pour plus tard. La transition se concentrera sur l’expédition des affaires courantes et surtout la préparation des élections. Il faudra encore au jeune co-président de la transition remporter la bataille du référendum pour faire voter une constitution de la 4ème République taillée sur mesure. L’abaissement de l’âge minimum d’un candidat à la présidentielle sera le cœur de ce nouveau texte fondamental. Plus besoin d’être un vieux « raiamandreny » comme Albert Zafy quand on peut se permettre de se comporter comme « un gamin de 10 ans » !