vendredi , 3 mai 2024
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Après avoir annoncé officieusement son engagement pour la prochaine élection présidentielle, Andry Rajoelina fait volt face. Il réclame en échange l’élimination de son principal adversaire, Marc Ravalomanana. Sinon, celui qui s’est accaparé du pouvoir le 17 mars 2009 menace de rafistoler une constitution sur mesure.

Présidentielle : le faux « non » de Andry Rajoelina

 Une première pression aurait poussé Andry Rajoelina à déclarer qu’il ne va pas être candidat à l’élection présidentielle. Ce qui est d’ailleurs dans la logique démocratique puisque l’ancien maire d’Antananarivo est devenu chef d’Etat par un coup… de baguette magique.

En plus de cela, la tradition républicaine malgache a toujours fixé un âge de « raiamandreny » pour le président de la République d’où les 40 ans requis. Une renonciation de la part de Andry Rajoelina, qui n’est pas encore légalement qualifié et encore moins légitimement, devrait contribuer à apporter l’apaisement et à faciliter le dialogue pour une sortie de crise. Des malgaches et une partie de la communauté internationale soutiennent ouvertement cette thèse. 

Une deuxième pression demande au président de la HAT, qui se montre plutôt maladroit dans le domaine politique en tant que novice et « amateur ». Là, on peut soupçonner une recommandation venant de son « commanditaire politique » qui veut éliminer les adversaires potentiels dont le président Ravalomanana.

Dans son énième tergiversation, le jeune TGV, qui pose une condition aussi sournoise que politiquement incorrecte puisque sans aucune base légale: la disqualification d’office des anciens chefs d’Etat. Comme les Ratsiraka, et Ratsirahonana ont déjà annoncé leur retraite, Andry Rajoelina vise son adversaire directe Marc Ravalomanana et son opposant Albert Zafy. Dans cette logique, une amnistie générale avant l’élection serait inappropriée, au risque d’avantager directement Pierrot Rajaonarivelo.

Décidément, Andry Rajoelina n’a que faire de la disposition de la Constitution qui limite à 40 ans au minimum l’âge d’un candidat à la présidence de la République. Il ne sera pas le premier dirigeant d’une transition à se lancer dans une présidentielle. Le TGV devra encore passer l’épreuve du référendum, pour tailler la Constitution à sa mesure, avec un âge minimum requis de 35 ans ou moins pour se porter candidat à la présidentielle.

Cette violation de l’esprit « raiamandreny » de la fonction présidentielle n’est pas sans risque puisque la majorité peut dire « Non ». Si le président de la HAT passe cette épreuve, il peut prétendre un plébiscite des électeurs puisque le référendum aura comme signification : dites-vous « oui » ou « non » à Andry Rajoelina.

Le même Andry Rajoelina avait refusé la tenue d’un référendum sur la confiance populaire envers le président Ravalomanana, préférant un gouvernement insurrectionnel et l’aide d’une faction de l’armée pour s’accaparer le pouvoir. Il lui reste à espérer que sa « Constitution personnalisée » passe l’épreuve des urnes comme une lettre à la poste. Vu les résultats des référendums constitutionnels, trois en quinze ans, ce n’est jamais gagné d’avance pour le « Oui ».