lundi , 6 mai 2024
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Les gérants des stations-services sortent gagnants du bras de fer à trois sur la fixation des prix des carburants à Madagascar. Finalement, l’Etat a consenti une hausse après avoir user d’un pouvoir temporaire pour limiter les prix à la pompe. Le groupement des pétroliers reste sceptique et annonce à demi-mots ne pas vouloir couvrir les avantages accordés aux gérants de stations. Le ministère des Mines de la HAT a pour le moment évité une grève qui aurait pu plomber l’économie.

Prix des carburants : une solution qui déplace le problème

La grève des stations de services n’aura pas lieu. Du moins pour l’instant. La démonstration de solidarité dans la matinée du mercredi 13 avril 2011 a aussi été annulée. Finalement, le groupement professionnel des gérants libres de stations-services (GPGLSS) a décidé de ne pas fermer ses pompes aux usagers. C’est qu’il a eu gain de cause. « Le ministère va sortir un arrêté qui dit que la marge des gérant et leurs conditions d’exploitation seront préservées », a annoncé Martin Rakotozafy, le président du Groupement.

Le GPGLSS avait lancé un ultimatum pour mettre la pression sur l’Etat et les compagnies pétrolières afin de trouver un accord rapidement. Les gérants de stations ont pesé de leur poids pour faire basculer la balance du côté des pétroliers qui sont leurs fournisseurs. La menace de suspension des ventes avait pour objectif de pousser l’Etat pour annuler la fixation des prix. Les gérants de stations-services pensaient ainsi pouvoir continuer à vendre avec un peu de profit.

Le ministre des Mines de la HAT affirmait ne pas croire pas à cette grève des stations mais a fini par plier. Mamy Ratovomalala perd la face. La fixation des prix a été annulée et une hausse de 50 ar par litre sera appliquée. Le GPLSS se montre satisfait et décide de ne pas fermer les stations-services aux usagers. Ils n’ont pas à vendre à perte et leur marge seront préservée.

Le ministre Mamy Ratovomalala n’est pas le seul à avoir perdu la bataille car la HAT a mis en place un comité interministériel pour éviter la hausse des prix des carburants. A part l’inflation généralisée, une telle hausse est très impopulaire d’autant que la propagande du régime sur la maitrise des prix de l’essence, du gasoil  et des PPN en général se révèle de plus en plus fausse.

Les pétroliers mécontents

Les compagnies pétrolières ne sont pas enchantées de la décision du ministère malgré la promesse d’appliquer une hausse des prix. Au mieux, elles ne sont pas perdantes car elles ne sont pas gagnantes. La hausse de 50 ariary/litre est loin de satisfaire les distributeurs qui espéraient 100 ariary/litre. La garantie donnée par l’Etat aux gérants de stations-services de préserver la marge des détaillants accentue le manque à gagner pour les pétroliers.

La solution décidée par le comité interministériel peut marcher si l’Etat subventionne les détaillants comme le suggèrent les distributeurs. Cette subvention concerne la marge garantie par l’Etat elle-même. Mais la HAT peut ou veut-elle réellement le faire ? En tout cas, le montant de la hausse des prix n’est pas suffisant pour que les pétroliers puissent préserver la marge des stations-services. 

A la proposition de suppression de taxe, l’Etat n’a pas réagi. Il faudra en effet attendre la rectification de la loi des finances. Et encore, une telle décision est contraire à la politique économique de la HAT qui doit augmenter à tout prix les recettes de l’Etat. La HAT oblige les opérateurs pétroliers à réduire leur profit ou à y renoncer. L’Etat n’a aucun droit de tout décider sur des produits qui ne lui appartient pas, riposte le Groupement. L’équation des prix des carburants n’a pas encore été résolue.