lundi , 6 mai 2024
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Des hommes de l'ancien président Didier Ratsiraka sont incarcérés, comme de vulgaires bandits, y compris son ancien Premier ministre.

Profil bas pour les hommes de Ratsiraka

Comme des bandits de grands chemins, des anciens collaborateurs de Didier Ratsiraka, depuis plusieurs semaines, croupissent dans les prisons malgaches. L’ancien Premier ministre Tantely Andrianarivo, la nuit du 21 octobre, a rejoint les « siens » à la maison de détention d’Antanimora, où il est, dorénavant, placé sous mandat de dépôt, à la suite de toute une journée d’audition au Tribunal d’Antananarivo. L’ancien Premier ministre de Ratsiraka, on s’en souvient, a été placé en « résidence fixe » depuis son arrestation en juin.

Dans la prison
d’Antanimora, anciens membres de gouvernement, anciens gouverneurs de provinces ainsi qu’officiers supérieurs, tous soupçonnés d’avoir instigué les crimes perpétrés, à Madagascar, durant la période de crise se côtoient désormais quotidiennement. Sont-ils tous coupables? La majorité de ces anciens hauts responsables politiques et militaires, pour l’heure, attendent d’être jugés. Une certitude cependant : ils n’ont pas été torturés. Et ils l’attestent. En outre, selon une source indépendante, ils reçoivent régulièrement la visite d’une délégation du Comité international de la Croix Rouge (CICR), lequel a le droit et le devoir de formuler à l’attention du gouvernement de Madagascar des recommandations pour le respect des droits humains dans les prisons.

Sans doute, ils ne s’y attendaient point. S’ils savaient que frayer l’amiral Didier Ratsiraka, l’ancien président de la République, allaient les conduire à la situation actuelle, sans doute, ils l’auraient évité. Vae victis, ou malheur aux vaincus, l’expression sied, aujourd’hui, inexorablement aux hommes de Didier Ratsiraka qui n’ont pu, comme lui, quitter Madagascar à temps pour éviter les affres d’une prison. Les hommes de l’amiral Ratsiraka sont contraints à cette humiliation en attendant que le sort de leur « chef » soit fixé. Car, l’extradition de l’ancien président, tout comme celle de ses collaborateurs qui ont pu s’enfuir à l’étranger, est de nouveau remise sur le tapis. Un document qui réclame aux autorités malgaches une demande d’extradition de l’ancien chef d’Etat, selon l’information du quotidien « Gazetiko », aurait déjà recueilli plus de 40.000 signatures. L’histoire se corse, d’autant que la chaîne de télévision nationale, le 23 octobre, a évoqué la préparation, en France, par un ancien conseiller de Didier Ratsiraka, de l’envoi d’une centaine de mercenaires vers la Grande Ile en vue d’une nouvelle tentative de coup d’Etat.

Son Premier ministre en prison, ses ministres incarcérés, ses gouverneurs de province sous les verrous également; mais lui, Didier Ratsiraka, tranquille à Paris; le cliché n’arrange pas beaucoup de monde à Madagascar, même pas dans son propre camp. Car ses compagnons de galère font, actuellement, figure de bouc émissaire. Le Secrétaire national du parti AREMA, le parti de Ratsiraka, l’ancien vice-Premier ministre, Pierrot Rajaonarivelo, lui, a priori, du moins pour l’heure, ne veut pas prendre le risque de retourner à Madagascar.