dimanche , 28 avril 2024
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L’histoire est un éternel recommencement ! C’est autour de Andry Rajoelina d’être accusé de vendre la terre des ancêtres par les opposants. Il s’agit de l’octroi de l’autorisation d’exploitation du gîte de fer à Soalala au consortium chinois Wisco par un régime de transition non reconnu. La HAT réagit et fait une campagne de propagande pour éteindre le feu des critiques.

Projet Soalala : la HAT fait sa propagande, les opposants dénoncent

Les 50 millions de dollars, une première tranche, que Wisco a versés dans la caisse de l’Etat malgache ne constituent pas une bonne nouvelle pour tout le monde. L’affaire est débattue sur la place du Magro, là où se réunissent les militants des trois mouvances et autres résistants anti-HAT.

Le pasteur Edouard Tsarahamy de la mouvance Zafy dénonce la violation de la tradition morale par le jeune homme fort de la transition. « Andry Rajoelina a vendu la terre des ancêtres, nous n’acceptons pas de telle personne pour diriger notre nation », clame-t-il.

Le discours de ce pasteur engagé est plus que radical. « Que nous soyons tous tués ou jetés en prison, on ne va jamais accepter la vente des terres des ancêtres aux chinois ». Le ministre de la Décentralisation est sommé de démissionner pour avoir contribué à l’acte immoral de vendre la terre de Soalala.

C’est exactement le même discours que sur la prétendue place de la démocratie et la place du 13 mai en 2009. A l’époque, c’est le président Marc Ravalomanana qui avait été accusé par Andry Rajoelina d’avoir vendu la terre des ancêtres. Or, le projet avec les coréens de Daewoo était une location sous forme de bail emphytéotique de terres arables mais inutilisées. La surface cultivable est récupérable, contrairement au fer qui n’est pas renouvelable.

Quoiqu’il en soit, la HAT occupe le terrain pour faire sa propagande. Le ministre de la Décentralisation et le ministre des Mines sont descendus dans la région de Boeny pour sensibiliser les autorités et la population sur l’impact positif du projet Soalala. « Il faut tout faire pour qu’il y ait une impact positif sur la société », a déclaré Hajo Andrianainarivelo. Il appelle les deux régions Melaky et Boina, les communes et même les fokontany à réfléchir à un plan de développement intégrant les bénéfices de l’exploitation du fer.
 
Le ministre Mamy Ratovomalala est plus pragmatique et cite les avantages à tirer du projet. Soalala sera désenclavé par une nouvelle route de 120 km la reliant à Mahajanga. Le port de cette petite localité sur la côte ouest de Madagascar sera métamorphosé pour avoir une très grande capacité opérationnelle dépassant les 10 millions de tonnes. Une station thermoélectrique sera installée dès 2012…

Les premières productions de Soalala sont attendues en 2014. Le ministre des Mines appâte l’opinion par les retombées pour l’Etat comme les redevances et les frais d’administration. Les collectivités vont quant à elles bénéficier d’un « fonds de développement durable » pour la construction d’écoles, de dispensaires et d’hôpitaux.

La propagande est aussi axée sur la création d’emploi. Comme une usine de transformation sera mise en place, un millier d’ouvriers malgaches vont suivre une formation en Chine. « Cela change de ce qui se faisait auparavant, les étrangers débarquaient chez nous, maintenant, ce sont nos jeunes qui seront envoyés à l’étranger pour se former », se félicite Mamy Ratovomalala.

La HAT s’y met aussi est flatte sa politique économique virtuelle. Le président de la commission Economie, Joseph Yoland, se félicite de l’illustration d’un nouveau système économique et financier qui va permettre de résoudre les problèmes sociaux. Il fait référence à la transformation des produits avant exportation afin de garder les valeurs ajoutées au pays.

« Les malgaches vont pouvoir manger et se faire soigner, les fonctionnaires verront leur salaire augmenté », promet le membre de la HAT. Du côté de l’opposition à l’autorité de fait, on reconnaît le potentiel du projet Soalala. L’adjudication de l’appel d’offre en période de transition, par un régime non reconnu sur le plan international et sans l’aval de l’assemblée nationale, a été dénoncée par Fetison Andrianirina. Selon les opposants, la HAT n’avait pas le droit ni la légitimité de donner Soalala aux chinois. Ou plutôt de la vendre.