vendredi , 26 avril 2024
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Jacques Chirac était attendu jeudi à Madagascar. C'est la troisième fois seulement qu'un Président Français se rend dans la Grande Ile de l'Océan Indien depuis son accession à l'Indépendance en 1960. Chaque fois, à Madagascar, c'est l'émotion. Et cette visite ne manquera pas à la règle si l'on en croit l'effervescence qui a marqué la préparation de la visite. Le Président Malgache lui-même est allé inspecté l'état des lieux il y a quinze jours. Quoiqu'ils en disent, les Malgaches sont liés à la France malgré leur indépendance acquise dans le sang. Ils espèrent toujours que la France, à défaut de demander pardon, exprimera au moins, par la voix de son Président, et peut-être à l'occasion de cette visite, son regret. Mais lors de cette visite, les rôles seront peut-être un peu différent de ce que nous avons l'habitude de voir lorsqu'un chef d'Etat du Nord visite l'un de ces pairs du Sud...

Quand un Président en fin de règne rencontre l’étoile montante de l’Afrique

En effet, Jacques Chirac est « en fin de règne » et critiqué au sein même de son dernier gouvernement. Par contre, Marc Ravalomanana, multiplie les réussites. Il est, en quelques trois ans, devenu l’exemple le plus prometteur de l’Afrique. En trois ans 4000 km de routes ont été construites ou réhabilitées. Au passage les ponts détruits par les alliés de Didier Ratsiraka lors de la crise de 2002 pour « asphyxier » la Capitale ont été reconstruits plus grands. Les campagnes commencent peu à peu à se désenclaver, et les paysans peuvent écouler plus facilement leurs produits. La valorisation des produits agricoles, par la montée du prix brute du paddy a apporté une amélioration de la vie de la population rurale. Une connexion haut débit aux systèmes de communication mondiaux doit être enfin installée prochainement pour permettre, dès 2007, à tous les districts de Madagascar de disposer du téléphone (il n’y a actuellement que quelques 50’000 lignes pour 14 millions d’habitants). Si les travaux d’investissement avance à grand train, Marc Ravalomanana n’a pourtant pas oublié les plus pauvres. Dès 2003, les frais de scolarité ont été supprimés et des kits scolaires distribués gratuitement à tous les enfants du primaire. Tous les jours une nouvelle école est ouverte. Le taux de scolarisation est passé à 82 % en 2003, contre 70 % en 2002. Cette année, un million de cartes donnant l’accès gratuit au soins doivent être distribuées dans toute l’Île. Malgré de grandes difficultés, cyclones récurrents, augmentation du prix du pétrole, dévaluation de la monnaie, etc, le taux de croissance à Madagascar est resté stable à plus de 5% l’an. Madagascar a reçu dernièrement les félicitations du FMI pour les « progrès importants » réalisés ces dernières années.


Comme dans tous les pays du Tiers-Monde, le Président Ravalomanana avait hérité de la gestion d’une lourde dette dont les origines sont douteuses. Après avoir convaincu les membres du fameux « Club de Paris » de l’effacement de la presque totalité de ses dettes, Madagascar figure aujourd’hui sur la liste des pays qui, à la demande des chefs d’Etat du G8, vont bénéficier de l’effacement de leur dette publique. Le succès du Président et sa popularité sont telles que ses opposants, principalement des membres de l’équipe de Didier Ratsiraka, aujourd’hui en France à l’abri de la justice malgache, ne peuvent que lui reprocher de mener le pays comme une entreprise: « avec fermeté » ou de ne pas avoir un curriculum vitae suffisamment fourni.


 


Par Chritian Lehmann