dimanche , 28 avril 2024
enfrit
A bout de patience, Marc Ravalomanana a officiellement déclaré la guerre contre le camp de Didier Ratsiraka. La traque aux « ennemis de la nation » commence.

Ravalomanana déclare la guerre aux « ennemis de la nation »

« Hazalambo », ou littéralement « la chasse aux sangliers », cette
expression malgache a été reprise par Marc Ravalomanana, ce 5 avril,
dans une déclaration officielle. Un discours qui s?apparente, ni plus ni
moins, à une déclaration de guerre.

Les récents événements qui ont secoué la Grande Ile n?y sont pas
étrangers. Des ponts ont été détruits, et des barrages toujours érigés
sur les routes nationales afin de couper la liaison terrestre entre la
province d?Antananarivo et les autres régions de la Grande Ile. Sans
doute, ce qui a mis le feu aux poudres est le dynamitage du pont de
Fatihita sur la route nationale N°7 qui relie la capitale au sud du
pays. Le pont est dorénavant remis en état de fonction. Mais cela
n?empêche en rien Ravalomanana d?annoncer le début de la « chasse à
l?homme ».

« Un groupe d?individus, minoritaire, qui défend ses propres intérêts
matériels, se sont constitués en ennemis de la nation, et sèment le
désordre » annonce le nouveau président. Une fois encore, le mot «
terrorisme » a été à l?ordre du jour.

Offensive

Un conseil national de sécurité est ainsi mis sur pied. Les membres sont
constitués par des ministres, des élus, des éléments des forces de
l?ordre ? police nationale, gendarmerie et forces armées ? ainsi que des
simples citoyens. Ces derniers étant ceux qui sont regroupés au sein du
comité de vigilance citoyenne, un comité mis en place, afin de veiller à
la sécurité publique, lors du mouvement populaire en faveur de Marc
Ravalomanana. « Ceux qui refusent d?adhérer au conseil national de
sécurité seront considérés comme des traîtres à la nation », conclut
Ravalomanana.

Le ministre de la défense de Marc Ravalomanana, le général Mamizara
Jules, lui, a soutenu que le camp d?en face était en train de « préparer
quelque chose ». Naturellement, cela a appelé une réaction. Un
collaborateur du nouveau président a précisé que l?opération est
offensive, mais pas seulement défensive. Le conseil national de sécurité
serait déjà opérationnel selon la même source.

Plaidoirie

Le président sortant Didier Ratsiraka, de son côté, dans une sorte de
plaidoirie pro domo, devant la population de Mahajanga, à l?ouest de
Madagascar, a affirmé que ce sont les pro-Ravalomanana eux mêmes qui ont
détruit le pont de Fatihita pour éviter l?arrivée de renforts militaires
vers Fianarantsoa où le gouverneur de province est fortement menacé. Le
président de la délégation spéciale nommé par Ravalomanana étant sur le
point de prendre en main la direction de la province, avec le soutien
d?une fraction importante de l?armée. Sauf que les gardes du gouverneur,
qui continue à défendre Didier Ratsiraka, ont placé en première ligne
des élèves gendarmes en véritables boucliers humains. D?où le retard de
la prise du palais du gouverneur.
Depuis le début de la pénurie en produits de première nécessité dans la
capitale, le courroux populaire à l?endroit de Didier Ratsiraka se fait
jour. Sur les radios privées, des auditeurs ont appelé, à plusieurs
reprises, à une mobilisation générale afin de « neutraliser » le camp de
Didier Ratsiraka. Ce dernier n?ayant jamais accepté de lever les
barrages érigés sur les routes nationales et qui asphyxient
économiquement la Grande Ile. Devant une foule qui s?impatiente, et qui
risque de se retourner contre sa personne, Ravalomanana a décidé de
prendre le taureau par les cornes. Les opérations à entreprendre restent
confidentielles. Mais si tous les officiers qui ont entouré Ravalomanana
au cours de sa déclaration étaient en tenue de combat, cela augure bien
des événements inhabituels.