samedi , 18 mai 2024
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La solution de compromis proposée par Jean Ping, le chef de file du Groupe international de contact dans la résolution de la crise politique malgache s’avère difficile au vu des propositions des quatre mouvances politiques. La mise en application de la charte de Maputo est suspendue à des sanctions internationales qui devraient forcer la main à la mouvance Rajoelina et dissuader les autres.

Retour à la charte de Maputo : divergence profonde entre les quatre mouvances

Insuffisante. C’est ainsi que Jean Ping, président de la Commission de l’Union Africaine a qualifié la proposition faite par la Haute autorité de la transition apportée par son premier ministre Albert Camille Vital à Addis Abeba. Pour la mouvance Rajoelina, il n’est pas utile de mettre en place toutes les institutions prévues dans la charte de la transition consensuelle et inclusive. Seul le Conseil supérieur de la transition, la version consensuelle de l’actuelle HAT devrait être maintenue.

Comme prétexte, les autorités de fait avancent que les caisses de l’Etat ne sont pas assez fournies pour subvenir à la mise en marche des autres institutions. Elles prennent comme excuse la suspension des aides internationales. Par ailleurs, ce désistement des partenaires et bailleurs de fonds de Madagascar est une excuse pour se passer des recommandations de la communauté internationale. Les alliés politiques de Andry Rajoelina la revendique ouvertement. La transition inclusive est refusée car « c’est le pays qui va en prendre la charge alors que c’est la communauté internationale qui la demande ». Le camp de Zafy Albert veut réduire les prérogatives du président de la transition. Pour la mouvance Ravalomanana, il est important de donner au conseil présidentiel le pouvoir de désigner qui va assurer l’intérim en cas d’empêchement du président de la transition.

La mouvance Rajoelina revendique la prérogative du président de la HAT de désigner les ministres du gouvernement de transition sur proposition du premier ministre du consensus. Seulement, les autorités de fait exigent le maintien du colonel Albert Vital. Sur ce point, elles se heurtent au refus des trois autres mouvances qui ne reconnaissent que le premier ministre adoubé à Addis Abeba, Eugène Mangalaza qui est issu du camp de Didier Ratsiraka. Si les accords signés de Maputo et d’Addis Abeba sont appliqués, quelque 400 postes sont à créer. Le budget de fonctionnement et de dépense de solde de ces institutions transitoires n’a pas été pris en considération dans la loi des finances.

Le calendrier des élections constitue aussi un désaccord profond par les autres mouvances. Dans le camp de Andry Rajoelina, on n’est pas unanime concernant le plan de la HAT qui insiste sur l’élection législative, mettant en place une assemblée constituante permettant d’éviter le référendum. Le chemin vers le retour de l’ordre constitutionnel divise la classe politique. Pour la mouvance Ravalomanana, il faut s’en tenir au calendrier défini dans les accords politiques, à savoir le référendum puis l’élection présidentielle. Le camp de Didier Ratsiraka insiste sur la tenue de la présidentielle avant les législatives. La mouvance Zafy ne trouve pas d’inconvénient à ce que ces deux scrutins se déroulent le même jour.

Devant le risque de sanctions internationales, le camp de la HAT réclame une responsabilité partagée des quatre mouvances Que les mesures à prendre concernent toutes les entités concernées qui contribuent au blocage du processus en raison de la divergence d’idées et non pas  seulement pour les auteurs du coup d’Etat militaro-civil. En tout cas, c’est le signe que la mouvance Rajoelina se sent visée directement et exclusivement par ces sanctions annoncées. Les trois autres mouvances sont disposées à appliquer la charte de la transition signée à Maputo et désignent la HAT comme étant le facteur de blocage principal.