samedi , 27 avril 2024
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Après avoir embrigadé le premier ministre Omer Beriziky au grand dam de la mouvance Zafy, la HAT a précipité la formation du gouvernement de consensus sans que ce dernier n'ait été trouvé. Ce fait accompli devait éviter toute complication avec le retour annoncé de l'ancien président Didier Ratsiraka. Comme la formation du gouvernement à forte dominance mouvance Rajoelina a été contestée, le régime TGV a tenté de retarder le retour de l'amiral, sans succès. L'appel à une conférence au sommet est relancé.

Retour de Didier Ratsiraka, un pas vers la conférence au sommet à  Antananarivo

Didier Ratsiraka est revenu à Madagascar après 9 ans et 4 mois d’exil politique en France. A sa descente de l’avion, l’homme a posé ses mains sur le tarmac de l’aéroport, non pas pour embrasser le sol malgache mais pour faire des pompes façon troisième âge. On peut s’accorder à dire que l’amiral est en bonne santé même si ses problèmes de vue ne se sont pas améliorés avec l’âge. Une fois la curiosité sur son état de santé satisfaite, on attendait de lui plus de précision sur sa solution à la crise politique dans le pays.

Pour Didier Ratsiraka, l’essentiel n’est pas de mettre en place des institutions de transition mais de résoudre la crise. Il réitère que seule une conférence au sommet permettra d’y arriver. « Si on le veut vraiment, on peut le faire », insiste-t-il. L’amiral veut même élargir cette conférence au-delà des 4 chefs de mouvance en précisant que les chefs des partis importants seront invités. Les petits partis sans passé électoral qui grossissent la mouvance Rajoelina risquent d’être écartés.

Pour ce qui est de la formation du gouvernement, Didier Ratsiraka estime qu’aucune entité ne doit être mise sur la touche. C’est un peu paradoxal pour une mouvance qui n’a pas signé la feuille de route. Son retour a d’ailleurs affolé le régime de facto qui a poussé Omer Beriziky a présenter un gouvernement sans consensus. L’entrée en scène de la mouvance Ratsiraka a été considérée comme une menace par le TGV.

« Il y a eu des obstacles jusqu’à la veille de son départ. Madame Annick Rajaona, la porte-parole de la présidence de la HAT a demandé à la France s’il était possible de retarder le retour au pays du président Ratsiraka », a dénoncé Tantely Andrianarivo. Roland Ratsiraka se désolidarise de la HAT et défend aussi son oncle. « Il y a un ministre qui a dit aux autorités françaises que l’amiral ne doit pas encore rentrer », confirme-t-il. « Il y a en qui veulent rappeler qu’il est sous le coup d’une condamnation, or, ils sont nombreux dans ce cas qui font partie de ce pouvoir », a-t-il ajouté. Ce qui n’a pas empêché les médias de propagande de la HAT et quelques proches de l’autorité de facto de souligner la prétendue ingratitude de Didier Ratsiraka. Ce dernier n’a pas dit un mot de remerciement à l’endroit du régime qui l’aurait permis de rentrer mais qui a essayé en réalité de l’en empêcher.

Pour le principal intéressé, la hache de guerre est à enterrer. « Nous devons nous serrer la main », a-t-il déclaré, saluant la présence de ses illustres adversaires, qui l’ont renversé au moins une fois du pouvoir, pour l’accueillir à Ivato. « Je ne vais plus me battre, je pose ma lance et mon bouclier », annonce-t-il non sans humour, traduisant les paroles d’une chanson.

Le retour au pays de Ratsiraka relance la réconciliation nationale pour résoudre la crise politique. Au mieux le gouvernement sans réel consensus et sans équilibre de pouvoir permettra de résoudre la crise institutionnelle. Didier Ratsiraka a appelé à la libération des prisonniers politiques et au retour de tous les exilés conformément à l’esprit de la feuille de route. Avec le président Zafy, il souhaite le retour du président Ravalomanana pour que la réconciliation nationale puisse se faire.  Tojo Ravalomanana, le fils de l’ancien président et Guy Rivo Randrianarisoa son porte-parole viennent en premier, en éclaireurs.