dimanche , 28 avril 2024
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Le problème de la hausse des prix du riz a pris une tournure politique quand le conseil des ministres de la HAT a décidé de passer à l'offensive. L'Etat se positionne comme importateur pour faire concurrence aux opérateurs soupçonnés de créer artificiellement la pénurie. Après la menace de contrôler les dépôts, voila que le ministère du commerce brande l'arme du prix imposé par la loi.

Riz : l’Etat veut faire baisser les prix par tous les moyens

Ni les menaces de répressions ni la propagande de la HAT n’ont réussi à faire baisser le prix du riz, la denrée alimentaire principale et indispensable aux malgaches. Pour la première fois, le prix du kilo a atteint les 2000 ariary, alors qu’en 2010, il s’est stabilisé entre 1200 et 1400 ariary selon la qualité. Il n’en faut pas plus pour que la HAT crie au complot. Certains opérateurs économiques feraient de la rétention du stock dans un but spéculatif pour faire monter les prix mais aussi dans un but politique pour mécontenter la population.

Pour sa défense, l’autorité de fait jette donc la faute sur les autres qui seraient malintentionnés pour expliquer son incapacité à maintenir le prix du riz. Effectivement, plus Andry Rajoelina et son autorité mettent la pression sur les opérateurs, plus les prix augmentent. Il n’y a pas de véritable pénurie mais un certain ralentissement des approvisionnements qui accompagne ou précède la hausse des prix. Pour contre-attaquer, l’Etat HAT décide d’importer du riz en partenariat avec un opérateur privé. Une première importation de 1600 tonnes a pu être mise sur les marchés d’Antananarivo. Une autre de1300 tonnes est attendue dans deux semaines.

Ce riz importé par l’Etat est obligatoirement vendu à 1180 ariary le kilo. Sa quantité est trop limitée pour faire baisser les prix. Au contraire, la HAT risque de généraliser les queues devant les épiceries  qui ont accès au « riz bon marché ». Les menaces répétées des pouvoirs publics poussent de nombreux épiciers à ne pas s’approvisionner en riz. « Il faut l’acheter à plus de 1800 ariary chez le grossiste, on sera obligé de vendre au moins à 1900 ariary. Alors si on se fait contrôler… », explique un épicier qui a cessé de vendre du riz depuis la deuxième semaine de février. Cette absence sur les étals favorise la crainte de pénurie.

Andry Rajoelina a ordonné aux ministres concernés par le problème de trouver rapidement une solution et faire baisser le prix du riz en une… semaine. Pour le moment la stratégie appliquée est « l’importation afin d’alimenter le marché de manière continue et maîtriser autant que possible les prix », selon le Directeur du Commerce intérieur. Il souligne que les contrôles des stocks supposés retenus ne donnent lieu pour lemoment qu’à un rappel à l’ordre et un avertissement à l’endroit de l’opérateur privé.

L’Etat a-t-il les moyens de contraindre les grossistes et détaillants à baisser les prix du riz ? La réponse est Oui. La loi sur la concurrence datée de 2005 met des balises à la liberté des prix justement afin d’éviter une inflation artificielle. Le gouvernement peut intervenir et fixer les prix du riz s’il constate un monopole ou des difficultés d’approvisionnement. Cela pour une période de six mois. Andry Rajoelina avait promis le riz à moins de 1000 ariary lorsqu’il a persuadé la foule de renverser le président élu. Ses propagandes économiques sont jusqu’ici de la pure démagogie. Des prix imposés seraient les bienvenus avant les élections.