jeudi , 2 mai 2024
enfrit
L’organisation régionale SADC met la pression sur Andry Rajoelina pour que celui-ci quitte le pouvoir et demande la réinstallation du président Marc Ravalomanana. La nouvelle autorité malgache fait la sourde oreille et minimise la portée politique de cette déclaration.

SADC – Madagascar : la guerre des mises en garde

La suspension de Madagascar a été officialisée par la Communauté de développement de l’Afrique australe (SADC), mardi en Swaziland. « Le sommet extraordinaire condamne dans les termes les plus énergiques les actions inconstitutionnelles qui ont débouché sur le renversement illégal du gouvernement démocratiquement élu de Madagascar et demande le rétablissement immédiat de l’ordre constitutionnel dans le pays », annonce le communiqué.

Ce retour à l’ordre constitutionnel doit être marqué, selon la SADC par le départ de Andry Rajoelina de la présidence, et du palais du présidentiel afin de permettre la réinstallation, sans conditions, du président Marc Ravalomanana. Le cas échéant, l’organisation pourrait prendre des mesures. D’autres options pourraient être prises de concert avec les Nations-Unies et l’Union Africaine afin de rétablir l’ordre constitutionnel.

Ces instances internationales n’ont pas toujours reçues les considérations qu’elles méritent par le jeune Andry Rajoelina quand ce dernier a mené sa lutte pour prendre le pouvoir en utilisant un mouvement populaire avant de le parachever par un coup de force d’une faction de l’armée. Propulsé à la tête de l’Etat en ayant reçu l’aval de la Haute Cour Constitutionnelle (HCC), celui qui s’est autoproclamé président de la Haute Autorité de la Transition (HAT) ne semble pas se préoccuper outre mesure de l’absence de la reconnaissance internationale.

Le nouveau pouvoir, reconnu ou pas, réagit d’une manière tout aussi énergique. Le premier ministre de la transition donne le ton en affirmant que « la SADC n’a rien à voir avec les affaires internes de Madagascar ». Monja Roindefo insiste sur la légalisation de l’autorité qui dirige le pays. « Il faut respecter la HCC, est-ce que la SADC va donner des ordres à la HCC », ironise-t-il. A cette même cour, pourtant, celui qui a été alors chef du gouvernement insurrectionnel avait demandé, si ce n’était pas ordonné, de prendre acte de l’effectivité du nouveau sans juger les questions de fond ni de forme.

La propagande du nouveau pouvoir prend la SADC pour cible. L’organisation aurait l’intension d’envahir militairement la Grande Ile pour renverser le nouveau pouvoir. Il y a de quoi raviver les fibres nationalistes, d’autant que c’est le chef d’Etat-major, qui s’est autoproclamé lui aussi mais qui est toujours en place, dit dans une interview à la télévision que les militaires malgaches sont prêts à recevoir les ennemis qui pourraient attaquer le pays.

Le discours devient politique et officiel quand c’est le premier ministre de la transition lui-même qui rappelle que Madagascar a une armée. « S’il y a des envahisseurs, la nation malgache a le droit de se défendre », clame Monja Roindefo. Si les observateurs entendent dans ces discours plutôt des fanfaronnades que de réelle déclaration de guerre, l’embarras est immense. En tout cas, la SADC est prévenue au cas où l’option militaire serait prise en considération, afin d’essayer de ramener l’ordre constitutionnel et avec cela le retour du président Ravalomanana à la tête du pays.