lundi , 6 mai 2024
enfrit
Le secteur vanille ne se porte pas mieux, à l’image d’une conjoncture économique difficile et des incertitudes liées à la crise politique. Face à la baisse des exportations, des initiatives régionales naissent afin de contourner la mauvaise pente qu’emprunte la vanille de Madagascar.

Secteur vanille : une politique qui ne profite aux producteurs

Le prix plancher imposé à l’importation a eu un double effet pervers auprès des producteurs de vanille, à savoir, la baisse des quantités exportées et l’écroulement des prix sur le marché local. Dénoncé dès le départ par une partie des opérateurs économiques dans le secteur, le prix minimum fixé à 27 dollars le kilo à l’exportation n’aura pas profité aux paysans producteurs.

La HAT et le ministère du Commerce sont aujourd’hui ponté du doigt pour leur erreur de stratégie, se versant plus dans la propagande que se pliant aux impératifs du marché. Plus grave, la décision du gouvernement semble répondre à des intérêts économiques d’une poignée d’exportateurs. En effet, la fixation d’un prix plancher ne profite qu’à quelques opérateurs qui ont des stocks invendus sur les deux dernières campagnes et qui sont déjà positionnés à l’étranger.

Des entreprises exportatrices qui sont désavantagées par la fixation des prix de la vanille doutent de la pertinence de la décision prise par le ministère du Commerce. Le prix plancher à l’exportation ne permet pas aux opérateurs d’honorer des contrats qui ont été déjà signés. Des commandes de vanilles préparées antérieures à l’arrêté ministériel du 07 juillet 2009 deviennent litigieuses car les négociations ont déjà été faites avant la fixation des prix.

Encore plus inappropriée, le ministère du Commerce s’immisce à fixer le prix de la vanille verte, alors que la cueillette est déjà terminée, mettant fin de facto au marché des produits non préparés. Les producteurs tout comme les exportateurs dénoncent une régulation trop contraignante qui dérègle le marché au lieu de le développer.

Les régions productrices de vanille connaissent différentes fortunes depuis l’arrêté du ministère du Commerce. A Sambava, les plus grandes sociétés d’exportation qui détiennent plus de trois-quarts du marché se sentent paradoxalement lésées par la fixation des prix. Elles accusent la plate-forme régionale de la vanille de prendre des décisions unilatérales et qui ne profitent qu’à une minorité.

La réalité économique est très différente des prix proposés par le ministère du Commerce. Devant la baisse des commandes à l’exportation, le cours auprès des producteurs dégringole. A Sambava, le kilo de vanille préparée s’achète à 10 000 Ar, soit à peine 5 dollars. En clair, il s’agit de ventes à perte en raison d’un coup d’exploitation élevé.

Dans la région Analanjorofo, la situation n’est pas plus brillante même si la vanille préparée s’achète à 15 000 Ar le kilo. Le chef de région, Michel Saina, préconise un plan de relance régional axé sur la microfinance. « On va prêter de l’argent aux producteurs afin qu’ils ne soient pas obligés de vendre à perte et attendre que les cours remontent  d’ici six mois », dit-il. La région Analanjorofo mise sur le commerce équitable et la certification de produit biologique pour relancer l’exportation.