samedi , 27 avril 2024
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L’affrontement à distance, par média interposé, entre le ministre de la Sécurité Intérieure et l’ancien directeur de la Police des aéroports et des frontières (PAF) montre la fébrilité de l’autorité dès que le problème a un impact politique. L’affaire Philippe Verdon révèle que les fonctionnaires sont suspectés de trahison à une cause politique si leur acte met en danger le régime.

Sécurité intérieure : le gros mensonge d’Etat mis sur la place publique

Le colonel Brunel Razafindrahofa ne se laisse pas faire et continue à affirmer sa version des faits sur la place publique. Pour l’ancien directeur de la PAF, c’est bien le ministre de la Sécurité Intérieure qui lui a donné l’ordre qui a permis à Philippe Verdon d’entrer sur le territoire malgache. Cet ancien mercenaire devenu opérateur économique a été frappé d’une mesure d’interdiction d’entrée sous le régime Ravalomanana. Avec le changement de pouvoir, ce français qui entretient des relations d’affaires et amicales avec le premier ministre de la HAT, Monja Roindefo, était en quelque sorte amnistié. Seulement, la mesure d’interdiction n’a jamais été effacée officiellement car la processus administratif n’était pas allé jusqu’au bout.

Le 23 septembre 2010, Philippe Verdon est entré sur le territoire malgache. Le colonel Brunel Razafindrahofa maintient sa version malgré le démenti du ministre de la Sécurité Intérieure qui l’a limogé de sa fonction. Il confirme que l’ordre qui a permis à l’individu en question de passer la frontière au niveau de l’aéroport provient du ministre Organès Rakotomihantarizaka. « La mesure d’interdiction n’est pas effacée, explique-t-il. J’ai été averti par mes collègues, je leur ai demandé de stopper les formalités et me suis déplacé sur les lieux pour voir la situation… C’est le ministre qui a donné l’ordre de faire entrer la personne et de la traiter comme un simple passager ».

Bref, les déclarations du « colonel Brunel » n’ont pas changé mais elles ont de l’importance dans la mesure où c’est un démenti contre son supérieur Organès Rakotomihantarizaka. Pour le ministre de la Sécurité Intérieure, la version de l’ancien directeur de la PAF est une pure affabulation. « Je n’ai jamais donné un tel ordre », a-t-il martelé. Il justifie le limogeage du colonel Razafindrahofa par un problème de confiance. « Maintenant qu’il a émis ce mensonge et que je connais son caractère, je ne peux plus travailler avec lui, a-t-il expliqué. Si je l’ai limogé, ce n’est pas parce que ce dont il m’accuse est vrai, c’est parce que je veux travailler avec des gens de confiance ».

Cette tension au sein du ministère de l’Intérieure est le résultat de l’atmosphère politique dans le pays. La HAT et ses médias de propagande ne cessent de dénoncer des projets de coup d’Etat. La présence de l’ancien mercenaire Philippe Verdon à Madagascar s’est avérée problématique un mois après son entrée sur le territoire. Les relations de cet homme d’affaire avec un Monja Roindefo devenu, un opposant à l’autorité de fait dont il a été le premier ministre, n’ont fait que soulever les suspicions. Le ministre Organès Rakotomihantarizaka avait même été suspecté de trahison par la propagande de la HAT. Ce sera finalement le « colonel Brunel » le bouc émissaire dans l’histoire.