samedi , 4 mai 2024
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L’ultimatum puis l’appel lancé par Andry Rajoelina pour faire signer la feuille de route ont été un acte politique de désespoir. Le chef de l’autorité de fait est pressé d’avoir enfin une reconnaissance internationale et une légitimité politique six mois après la fin de son mandat. L’annonce d’une signature sans les représentants de la communauté internationale a été une maladresse qui serait stratégique.

Signature unilatérale de la feuille de route : la HAT aux abois

Que peut espérer la HAT en signant une feuille sans que les instituions censées la faire signer ne soient pas présentes. Difficile en effet d’imaginer l’aboutissement d’une démarche défiant et écartant la communauté internationale tout en espérant la reconnaissance de cette dernière. Andry Rajoelina a réagi après que son ultimatum lancé à la SADC pour effectuer ladite signature n’a pas été respecté.

Cela a coûté au chef de l’autorité de facto la possibilité d’organiser les élections communales en 2011 et de préparer le terrain pour les élections nationales en 2012. La convocation aux urnes devait se faire après la signature de la feuille de route, si l’on veut que l’élection soit reconnue, et avant le 31 août pour que le scrutin puisse se faire avant la fin de l’année. L’appel à la signature entre malgache paraît un acte désespéré mais il a eu l’effet de faire réagir la SADC.

« Beaucoup d’entre vous attendent impatiemment la décision que va prendre l’Etat, ainsi que moi-même en tant que Président de la Transition, suite à l’expiration du délai  imparti à la SADC pour la fixation de la date de signature de la Feuille de route , a déclaré Andry Rajoelina, le 31août 2011.

Comme il apparaît que les acteurs politiques ayant déjà paraphé la Feuille de route s’en tiennent à celle-ci, le pouvoir de Transition et moi-même, pour préserver la paix, instaurer l’apaisement et surtout dans l’intérêt supérieur de la Nation, avons décidé de procéder à la signature, entre Malgaches, de la Feuille de route amendée selon les précisions du Secrétaire exécutif de la Sadc ».

« Il y a des limites à la patience et à la tolérance, la Nation malagasy ayant, par ailleurs, sa Souveraineté », souligne le chef de l’autorité alors que c’est sa mouvance qui rechigne à signer la feuille de route amendée et qui devrait permettre le retour au pays et en politique du président renversé par un coup d’Etat militaro-civil en 2009.

« Je lance officiellement un appel à toutes les Forces politiques sans exception, pour adhérer à cette démarche, afin que cette cérémonie se tienne dans les meilleurs délais ». Selon les apparences Andry Rajoelina espère l’adhésion des trois mouvances mais il est probable que celles-ci ne cautionneront pas une initiative unilatérale de la HAT et qui outrepasse la médiation internationale et une décision des instances de la SADC.

« Après sa signature, on continuera immédiatement la mise en œuvre de toutes les dispositions de cette Feuille de route amendée. C’est cette cérémonie qui clôturera les dialogues politiques dans le pays, et on se consacrera désormais aux futures élections ». Andry Rajoelina de préciser : « Ce sont les signataires de la Feuille de route amendée qui détermineront tout ce qui concerne les élections à faire ». Compte-t-il vraiment sur les trois mouvances ?

Pour se justifier devant ses partisans qui espéraient entendre l’annonce d’une élection unilatérale en 2011, Andry Rajoelina se dédouble et parle d’une décision qu’il n’a pas prise seul mais avec un certain Pouvoir de la transition. « C’est dans le calme et dans la sérénité que nous avons pris cette décision et avons défini d’un commun accord la voie à suivre pour une solution pérenne et durable ». Ce revirement intervient après des rencontres discrètes entre un proche du président en exil Marc Ravalomanana et le cerveau de la HAT.