vendredi , 3 mai 2024
enfrit
Des armes de guerre saisies au port de Mahajanga et la défiance de dirigeants qui, pourtant, ont choisi de se taire, renforcent l'idée d'existence, quelque part, d'un réel complot contre le nouveau pouvoir.

Silence, on complote

Des militaires qui rejoignent dare-dare le ministère du tourisme, puisqu’ils y ont été « affectés » alors que, plutôt peinard, tout le monde dans ce bâtiment, auparavant, vaquait à ses occupations habituelles. Cela ressemble bien à un contexte où, du coup, l’on se ressaisisse et prenne conscience de la nécessité de rester sur ses gardes. Dans plusieurs endroits, le même phénomène – celui relatif à la nécessité de renforcer la sécurité – préoccupe les autorités. Comme à Fianarantsoa où le palais du chef de province aurait été transformé en une sorte de forteresse, sous haute surveillance.


Ici et là, l’on ressent la vigilance des autorités. Mais personne ne pipe un mot. Derrière ce silence radio et ces mesures de sécurité qui, à vu d’œil, s’amplifient, profile, en réalité, l’ombre des anciens dirigeants de la Grande Ile qui seraient en train de tirer les ficelles d’une opération de déstabilisation. Car, l’on se souvient, en quittant le pouvoir, l’ancien président avait dit quelque part que « la lutte continue ». Certains de ses anciens collaborateurs, aujourd’hui, croupissent, en prison mais Didier Ratsiraka est à Paris, tranquille.


Des armes de guerre ont été découvertes au port de Mahajanga, à l’ouest de Madagascar. Elles ont été soigneusement cachées dans des véhicules d’occasion importés de France. Cela correspond bien à l’existence d’une conjuration. D’où la vigilance qui, dans la haute sphère du pouvoir, se fait sentir à mesure que la menace se précise. Surtout que des sources concordantes avaient laissé entendre, quelques semaines auparavant, qu’une opération d’une importance capitale pourrait avoir lieu le 11 février, une date mémorable puisque 28 ans auparavant un chef d’Etat, le colonel Ratsimandrava tombait sous les balles d’un groupe de commandos, le 11 février 1975, en empruntant la rue « Tsiombikibo », celle qu’aujourd’hui également emprunte quotidiennement le cortège présidentiel, car Marc Ravalomanana loge, depuis plusieurs années, à une centaine de mètres de l’endroit où avait lieu l’embuscade contre Ratsimandrava. Quelque part, l’on aurait donc programmé le même scénario. Le même jour. Et comme par hasard, des armes ont été acheminées quelques jours auparavant au port de Mahajanga. Difficile, estime des hommes politiques, de croire qu’il s’agit d’une coïncidence.


A ce genre de situation, cependant, le président malgache affiche une sérénité infaillible. A la question d’un journaliste sur la rumeur d’existence de mercenaires sur le sol malgache, Marc Ravalomanana, au retour d’une tournée européenne, il y a quelques jours, avait répondu : « il n’y a que les lâches qui ne sortent pas de chez eux ».