dimanche , 5 mai 2024
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Dans des conditions meilleures, la SIRAMA aurait pu produire les 90% des besoins de Madagascar en sucre, mais le sort en a décidé autrement.

SIRAMA : La société sucrière victime d?une gestion anarchique

La plus grande société sucrière de Madagascar, la SIRAMA est aujourd?hui un géant de papier. Victime de la gabegie de l?ancien régime. Sa situation est triste à pleurer. Et des milliers d?employés en ont payé le prix. Des employés de la SIRAMA ne reçoivent plus régulièrement leur salaire. Certains ont été remerciés pour nécessité de compression du personnel. Toutefois, la SIRAMA compte encore actuellement quelque 7000 employés fixes. Et tout n?est pas perdu. La filière sucre est en effet une filière prometteuse à Madagascar. La consommation, donc la demande, est appelée à augmenter dans les prochaines années. Le pays consomme actuellement environ 125.000 tonnes de sucre par an contre environ 80.000 tonnes cinq ans auparavant.
Créances non recouvrées
La capacité de production nominale de la SIRAMA, disposant de quatre unités à travers l?île – à Ambilobe (Nord), disposant d?une superficie cultivable de cannes de7140 ha, à Namakia (Nord-ouest) avec une superficie de 3200 ha, à Nosy be (Nord-ouest) disposant de 1800 ha de terrains cultivables et à Brickaville (Est), disposant de 1100 ha – est d?environ 120.000 tonnes par an. Sauf que, ancienne entreprise privée nationalisée durant la période socialiste de la deuxième République malgache, vers la fin des années 1970, la SIRAMA continue aujourd?hui à subir de plein fouet les conséquences d?une gestion désastreuse. Avant la chute du précédent régime ses créances non recouvrées étaient évaluées à 54 milliards FMG. Jusqu?à présent, la société continue à effectuer, quelquefois en vain, le recouvrement de son dû. Des sociétés fantômes se sont procurés des dizaines de milliers de tonnes de sucre auprès de la SIRAMA qui, actuellement, attend vainement d?être payée.
Offre insuffisante
En 2005, la SIRAMA a produit un peu moins de 10.000 tonnes de sucre. La SUCOMA, localisée à Morondava, en a produit moins de 20.000 tonnes. Cela totalise une production annuelle d?environ 30.000 tonnes donc, pour une demande de 125.000 tonnes. Des unités de transformation sont néanmoins en train de se développer sur la région sud-est de Madagascar. Leur production annuelle, sur l?initiative d?associations paysannes, est pour le moment limitée à quelque 600 tonnes de sucre. Mais leur présence fait déjà renaître l?espoir d?un lendemain meilleur.
Exportation
Une partie de la production locale de sucre est exportée. La Grande Ile dispose en effet d?un quota d?un peu plus de 10.000 tonnes par an vers les pays de l?Union Européenne dans le cadre de la Convention de Lomé aux termes du Protocole Sucre. Il s?agit d?un quota que le pays se doit d?honorer au risque de perdre le marché au bénéfice d?autres pays de l?ACP (Afrique Caraïbes Pacifiques).  L?exportation malgache de sucre tend néanmoins à diminuer. Pour la campagne 2000-2001, le pays a exporté quelque 18.000 tonnes de sucre contre 12.000 tonnes lors de la campagne 2004-2005. Logique car la production nationale elle-même à fortement chuté alors que la demande locale augmente. Durant la campagne 2000-2001, la production malgache de sucre a été de 65.000 tonnes. En 2004-2005, elle n?a été que de 24.000 tonnes. Cela a obligé le pays à importer environ 65.000 tonnes de sucre, dont une large partie pour satisfaire les besoins des industries locales.
Privatisation
Dans un avenir proche, l?Etat, encore propriétaire de la SIRAMA, devra sans doute céder la société au secteur privé. 71% du capital de la SIRAMA appartient en effet à l?Etat malgache. Initialement, elle figurait déjà dans une longue liste de sociétés d?Etat à privatiser. Mais le gouvernement en a décidé autrement. Le nouveau régime a d?abord préféré la mise en ½uvre d?une série de réformes afin d?éviter une « braderie ». Un programme d?investissements a été adopté en 2003, sachant que la société n?a pas procédé à de nouveaux investissements depuis une dizaine d?année. Comble de malheur, la SIRAMA n?est pas bancable. Comme on dit, on ne prête qu?aux riches. La société est en outre sous contrat de gestion, pour deux ans, depuis fin 2004. Sans doute, à la fin du contrat de gestion, fin 2006, l?on entendra de nouveau parler de perspectives de privatisation.