vendredi , 3 mai 2024
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Dans la difficile quête de consensus et d’inclusivité à tous les niveaux pour résoudre la crise politique dans le pays, les deux groupements de la société civile ont toujours du mal à s’entendre. Le dialogue des sourds se fait par média interposé puisque la rencontre prévu se dérouler depuis le début du mois de juillet entre les deux parties est sans cesse reportée pour diverses raisons. Fort de son mandant officiel de la HAT, la Coalition persiste à avancer malgré l’appel de l’Alliance à une concertation avant toute initiative irréversible.

Société civile : le préliminaire d’un dialogue de sourds

Initiative unilatérale ou pas, la Coalition de la société civile avance dans l’organisation des dialogues préliminaires dans les districts avant la grande rencontre nationale. « Il est hors de question de remettre en cause le calendrier établi », réitère Velompanahy Aristide. Pour les leaders de la Coalition, l’urgence de la situation justifie la poursuite des préparatifs. Une entente avec l’Alliance, l’autre groupement de la société civile n’est pas à écarter et est toujours d’actualité. Seulement, le mouvement dirigé entre autres par Lalao Randriamampionona devra monter dans un train en marche.

D’ici là, toutes les places dans le wagon en première et les postes dans le locomotive seront occupés par la Coalition de la société civile. L’enjeu de ce tiraillement entre les deux groupements est politique. L’Alliance défend une position proche de celle des trois mouvances Ravalomanana,  Ratsiraka et Zafy, privilégiant l’accord politique pour gérer la transition, dont la charte de Maputo, avant d’organiser des élections. La Coalition satisfait quant à elle le plan de Andry Rajoelina après l’échec de plusieurs feuilles de route unilatérales. Le chef de l’autorité de fait espère gagner la légitimité de l’organisation des élections sans passer par un accord politique.

Par le simple fait que deux idées majeures s’opposent dans la recherche de la solution à la crise, un terrain d’entente entre les deux groupements de la société civile est primordial. Face à l’entêtement de la Coalition, Lalao Randriampionona semble résignée et relativise. L’essentiel est, selon la porte-parole de l’Alliance, de trouver un consensus à un moment. En attendant, la Coalition a la mainmise totale sur l’organisation des dialogues préliminaires ou « dinika santatra ». Elle a procédé à la formation des agents chargés d’organiser l’événement dans les districts notamment dans la conduite des débats. Comme seuls gages, la neutralité et la moralité des personnes qui vont conduire les débats seront vérifiées.

La Constitution au centre des débats

La Coalition a changé la règle et invite au « dinika santatra » des gens qui représentent officiellement une association ou un parti politique. Plus question de simples citoyens qui ne font que rallonger la liste des participants. A l’époque des assises nationales et des conférences nationales, le nombre débordant de participants était considéré comme un signe de légitimité par la HAT et non pas une lacune dans l’organisation. L’Alliance risque d’être devancée dans les conduites des débats qui pourraient être orientés sur la future constitution et non pas sur le règlement de la crise politique.

Le président du Comité consultatif constitutionnel a confirmé que les projets de constitution seront débattus durant les dialogues préliminaires. Si la HAT réussit à faire passer le référendum, le retour tant craint par la mouvance Rajoelina sur la table des négociations pourra enfin se faire. Il ne sera plus question de transition, donc de partage de pouvoir, mais d’élections avec toujours la HAT et sa commission électorale aux commandes. Le « dinika santatra » n’est que l’un des premiers coups sur un échiquier politique où les règles du jeu peuvent changer à tout moment. Le dialogue national a le mérite de préparer l’avenir sereinement mais il ne résout pas la crise sans un accord politique. Le boycott par les trois mouvances est plus que prévisible, faute d’accord.