samedi , 4 mai 2024
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Risque de cessation de paiement, incapacité d’honorer des prestataires, une réserve de devises qui est en train de s’effriter… les supputations sur la faillite imminente de l’Etat sont nombreuses. Les autorités de fait démentent, estimant que la situation est loin d’être alarmante et que le pays peut se tourner vers des ressources privées. La santé économique du pays a un enjeu politique à un moment où les conséquences de l’isolement diplomatique de Madagascar se font sentir de plus en plus.

Supputations sur les finances de l’Etat, la HAT veut rassurer

La HAT réagit de manière plus officielle aux supputations selon lesquelles l’Etat court vers la faillite. Le président de la Commission Economie et Finances, Marson Evariste, est monté au créneau pour démentir toute catastrophe économique. « Les recettes intérieures de l’Etat sont amplement suffisantes pour faire face aux dépenses », a-t-il affirmé. Ce qui est par ailleurs la vérité puisque le gouvernement a adopté une politique d’austérité dans l’exécution du budget de l’Etat. Seulement 10% du budget de chaque ministère peuvent être utilisés pour les trois premiers mois de l’année 2010. Il va s’en dire que les recettes fiscales et douanières arrivent à assurer ce minimum vital. Les dépenses de solde et le budget de fonctionnement sont même garantis par la HAT. Cette sérénité affichée a été cependant ébranlée par des problèmes dans les fiches de paie des fonctionnaires les deux premiers mois de l’année.

Marson Evariste tente aussi de rassurer l’opinion sur la pénurie de devise qui entraîne la dépréciation de la monnaie nationale et par effet domino provoque une inflation. « Certains économistes disent qu’il ne reste que 100 millions de dollars de réserve à la Banque centrale, c’est faux, il y en a encore presque 800 millions il y a quelques jours », dit-il. Le membre de la HAT n’écarte pas cependant l’hypothèse de l’épuisement des réserves et brandit une solution qui ne devrait pas rassurer le secteur privé. « Les banques primaires disposent d’environ 500 millions de dollars et la Banque centrale peut s’en servir pour renflouer ses réserves », explique-t-il. De mêmes, les deux grands projets miniers pourront être d’un grand secours avec près d’un milliard de dollars de disponibles, selon toujours Marson Evariste.

Quelle austérité ?

Si tout va presque bien pour ce début 2010, la HAT a eu les yeux plus gros que le ventre les premiers mois après sa prise de pouvoir. Les 168 milliards d’ariary d’impayés auprès de différents fournisseurs de l’Etat viennent dévoiler la réalité derrière une politique d’austérité affichée. Le trésors public refuse ou retarde le paiement de ces prestations. Autoproclamés champions de la bonne gouvernance, la HAT et son gouvernement ont pourtant pêché, en particulier dans les passations de marché. Le gré à gré n’est certainement pas nouveau mais quand il est généralisé, le problème est préoccupant. Le ministère des Sports serait le pire élève frôlant l’exclusivité avec un prestataire.

La présidence n’est pas non plus épargnée par le fléau. Andry Rajoelina a certainement le mérite de faire appel au Bianco, le Bureau indépendant anti-corruption, pour balayer chez lui. Si le problème de passation de marché et de surfacturation dans la plus haute institution est avéré, ce serait un échec personnel cuisant. Pour en avoir une idée, le nettoyage du palais présidentiel coûterait 10 millions d’ariary par jour.  A moins d’avoir des manches à balais en or, certains coûts de fournitures seraient complètement délirants. Ambohitsorohitra va sans doute régler l’affaire à l’interne, se privant l’opportunité de donner le bon exemple en corrigeant ses erreurs.