samedi , 4 mai 2024
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La sécurité présidentielle a annoncé que la voiture du président de la Transition a subi un tir le soir du 2 décembre sur un axe routier de la périphérie de capitale, au retour de l’aéroport d’Ivato.

Tentative d’assassinat : le nouveau bluff de l’équipe à Andry Rajoelina

« On a voulu tuer notre président ». C’est en ces propos qu’un membre de la sécurité présidentielle a résumé les faits qui seraient survenus le soir du mercredi 2 décembre entre le quartier d’Ambodivona et celui d’Ambohimanarina, au nord-ouest du centre d’Antananarivo, vers 19h15.

Une conférence de presse a été donnée par le commissaire de la police scientifique, Jean Marc Ranaivo, le commissaire Francis Randrianatoandro, du service escorte et cortège, et le colonel Marotia, chef des opérations de la sécurité présidentielle. Ils ont relaté la « tentative d’assassinat » contre Andry Rajoelina. Un communiqué officiel  a fait savoir que l’impact du tir est visible sur la partie droite du pare-brise de la Mercedes blindée du président.

Les médias proches de Rajoelina ressassent l’information. Certains sont allés très vite jusqu’à énumérer les peines encourues pour ce genre d’acte, à savoir entre autres la peine capitale. La radio Viva, qui cite un « expert » de la police, annonce que « c’est le fait d’un tireur d’élite ».

Les contre-arguments sont toutefois arrivés plus tôt que prévus dans cette nouvelle histoire qui s’annonce, au bout du compte, rocambolesque. Des journalistes sont allés enquêter sur place. Personne n’a entendu ce soir là le moindre coup de feu. A cette remarque, la réponse du colonel Marotia a été laconique : « Il y a eu coup de feu ».

Pour rappel, en 1975, le 11 février, quand on a tiré à mort sur le cortège du président Ratsimandrava, les coups de feu ont retenti dans un rayon d’environ un kilomètre aux alentours du lieu d’assassinat.

Un autre journaliste s’est demandé lui-même : un vrai tireur d’élite, donc issu de l’armée, ne serait-il pas au courant que le président utilise un véhicule blindé, alors que n’importe quel quidam le sait ? Et puis : quelqu’un qui a réellement l’intention de tuer le président se contenterait-il d’envoyer sur son chemin un sniper qui a tiré une seule balle sur une voiture blindée?

Lors de la conférence de presse, un journaliste a posé la question : comment l’auteur du tir aurait-il su que le cortège présidentiel passera à cette heure à Ambodimita ? La réponse du colonel Marotia a été peu convaincante : « C’est peut-être à l’auteur du tir que cette question doit être posée ».

La thèse de la diversion est donc tout naturellement privilégiée. Andry Rajoelina devra en effet trouver de nouveaux arguments pour justifier son refus de se rendre à Maputo pour négocier la mise en place du nouveau gouvernement de Transition alors que les autres mouvances politiques ont fait le déplacement. Cela rappelle l’épisode des bombes artisanales découvertes un peu partout dans la capitale malgache au mois de juin. Cela a servi de prétexte pour Andry Rajoelina de ne pas assister à une réunion sur la crise malgache à Addis-Abeba.