mercredi , 1 mai 2024
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Déterminé, les autorités de la transition affirment tenir tête face à la communauté internationale qui appelle à une solution consensuelle de la crise malgache. Les accords de Maputo ont du mal à être respectés par les politiciens, violés par la mouvance Rajoelina par la mise en place unilatéralement d’un faux gouvernement de consensus.

Tourner le dos à la communauté internationale, à quel prix ?

L’interprétation des accords de Maputo divise visiblement les signataires et les médiateurs. Monja Roindefo prône la souveraineté nationale pour s’accrocher au fauteuil de premier ministre, ses opposants dénoncent le sacrifice dont le pays fait l’objet. Le premier ministre de la mouvance Rajoelina rejette que la vision du Groupe international de contact soit prise comme référence. Il revendique la souveraineté nationale pour préserver les acquis de la HAT et de son gouvernement.

Le gouvernement Roindefo II est donc présenté comme étant de consensus sans convaincre qui que ce soit en dehors de la mouvance Rajoelina. Acculé par ses alliés, Andry Rajoelina devait préserver son premier ministre à n’importe quel prix. Prévoyant les sanctions économiques et diplomatiques, les autorités de la transition accentuent la propagande contre la communauté internationale, le GIC, l’Union Africaine et les Etats-Unis en particulier, « ces étrangers qui n’ont que faire des aspirations du peuple malgache ».

La mouvance Rajoelina essaie de renverser les statuts. « Ce sont les membres de cette communauté internationale qui ont besoin de nous car ils veulent exploiter nos richesses naturelles ». Les membres de la HAT se relaient pour dénoncer un intérêt économique qui se cache derrière l’exigence du respect des principes démocratiques.

L’effet d’annonce de l’augmentation des recettes fiscales arrive pour le moment à atténuer l’inquiétude à propos de la capacité financière du pays. L’austérité est le seul argument qui permet de minimiser l’importance des aides budgétaires qui constituent les deux tiers du budget de l’Etat. Comme solution, les autorités de la transition sont poussées à rompre tout engagement avec les bailleurs de fonds traditionnels et autres partenaires financiers trop regardant sur le respect des règles démocratiques. L’idée de la création monétaire est pourtant loin de convaincre l’opinion.

Grâce aux contribuables et dans l’espoir de vendre l’avion présidentiel à plus de 50 millions de dollars, les autorités de la transition pensent pouvoir tenir le coup durant les 15 mois de règne sans partage. L’essentiel est assuré pour l’année 2010, les appareils de l’Etat pourront fonctionner et les fonctionnaires toucheront leur salaire. Andry Rajoelina veut gagner du temps en attendant de persuader la communauté internationale que toute mesure contre le régime de transition de fait va mettre la population en difficulté.

La France qui semblait être l’allié parfait pour le régime de transition devra suivre la position de l’Union Européenne. Une enveloppe de 1,5 million d’euros a été finalement débloquée au titre du Programme de renforcement des capacités commerciales. L’ambassadeur Jean Marc Châtaigner de préciser que l’aide de son pays est un appui direct à des groupements professionnels ou des collectivités. Paris ne pourra plus le faire si Madagascar ne se remet pas sur la voie d’un retour à l’ordre constitutionnel au mois de novembre, selon le souhait de Bruxelles. 

Les mouvances Ratsiraka, Ravalomanana et Zafy dénoncent le sacrifice de la population pour satisfaire les exigences de la mouvance Rajoelina. Le respect des accords de Maputo et devenu une question de survie économique.
 
Les indicateurs économiques virent en effet au rouge. Le directeur général de la Douane a admis que les recettes douanières risquent de péricliter vu la forte baisse des exportations. La diminution progressive des réserves de devises va freiner encore plus les importations. Les autorités de la transition comptent sur des investisseurs étrangers qui apportent un capital moyen, de l’ordre de quelques millions de dollars pour se remettre à flot.

Le TGV roule à vue et pense tenir sur le rail au moins quelques mois. Andry Rajoelina a laissé une porte ouverte en disant qu’une grande décision pourrait être prise par le président de la transition selon l’évolution de la situation. La HAT veut vérifier si elle peut vraiment se mettre la communauté internationale à dos, le temps de gouverner puis d’organiser des élections.