vendredi , 3 mai 2024
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L’accession et le maintien de Andry Rajoelina et de son autorité de fait au pouvoir sont dus essentiellement à l’appui d’une faction des forces armées. Ambohitsorohitra a sa petite armée personnelle, à Mahazoarivo commande un colonel premier ministre chargé de rétablir l’ordre en neutralisant tout mouvement d’opposition. Seulement l’entente entre les politiques et l’armée connait des difficultés, mise à mal par un début de révolte dans les rangs de la gendarmerie.

Transition dans la transition : le régime militaire de la HAT sur le point de dérailler

La Force d’intervention de la Gendarmerie nationale a une aura et aussi une réelle force de frappe qu’une petite entité comme le Régiment d’Appui et de Soutien n’a pas. Quand Fort Duchesne se rebiffe, la HAT s’empresse de désamorcer la crise. Une entente a été trouvée entre les autorités de transition et cette force de l’élite de la gendarmerie. L’annonce officielle d’une mutinerie a été évitée. Le colonel Raymond devait en effet faire part à la presse que ses hommes ne suivraient plus les ordres d’en haut.

L’histoire a failli se répéter. C’est en effet par une annonce d’une mutinerie par des colonels à Soanierana que la crise politique a pris une tournure militaire en mars 2009. Aux premiers rangs se trouvaient les colonels Noël Rakotonandrasana et André Ndriarijaona, tous deux aujourd’hui généraux et respectivement ministre de la Défense et Chef de l’Etat-major de l’armée au nez et à la barbe de leurs aînés gradés. Auparavant, la mutinerie a commencé au Capsat avec dans ses rangs un commandant prénommé Charles. Le régiment qui n’est pas voué aux interventions militaires a été sous estimé, à tort. La FIGN de Fort-Duchesne a rejoint le mouvement populaire, au commandement un colonel dénommé Bruno Razafindrakoto. 

Février 2010, c’est un général Bruno Razafindrakoto qui affronte la tempête créée par ses anciens hommes. Le litige est né de l’existence supposée  d’une somme de 500 millions d’ariary qui aurait été donnée par le président évincé Marc Ravalomanana au commandant de la FIGN de l’époque. La seule intervention militaire de cette force a été l’enlèvement des barrages lors de la première prise des ministères par le gouvernement insurrectionnel de Monja Roindefo. Des petits chars BRDM ont été envoyés à Anosy.

Aujourd’hui, ses anciens compagnons demandent des comptes au général Razafindrakoto. Il nie trois fois l’existence de la somme en question. « Cela n’a jamais existé, n’existe pas et n’existera pas », clame-t-il. Pour sa défense, le commandant de la Gendarmerie avance qu’il a été l’un des premiers à prendre position dans la crise politique. « J’ai pris mes responsabilités à Fort-Duchesne car la gendarmerie était en danger, elle n’était plus indépendante, se justifie-t-il. Certains cherchent à se servir de Fort-Duchesne comme lobbying (SIC) car c’est de là qu’était parti le changement ».

Après une journée de tension, l’ambiance est apaisée au sein de la gendarmerie. En 2009, la mutinerie initiée au Capsat a pris de l’ampleur quand les médias pro-TGV avaient propagé la rumeur d’un attaque des gardes présidentielles. Un an plus tard, la HAT préfère envoyer des émissaires et non ses soldats, des négociateurs donc plutôt que la force d’intervention spéciale dirigée par deux anciens de Capsat et de la FIGN. Fort Duchesne ne demande pas le départ de Andry Rajoelina du pouvoir mais exige à ce que les politiciens mettent un terme à la crise en revenant aux accords signés à Maputo et Addis Abeba.

La consigne de mutisme imposée par les dirigeants de l’armée n’est plus respectée. Pour apaiser la tension et détourner l’attention, le Secrétaire d’Etat à la Gendarmerie nationale met en place une commission d’enquête. Présidée par le DG du Bianco avec la participation entre autres du ministère de la Justice et du Bureau de lutte contre le blanchiment d’argent. Les médias de propagande de la HAT se réjouissent déjà d’un dossier dans lequel le président élu Marc Ravalomanana sera inculpé pour corruption. Une telle conclusion ne fera que renforcer le malaise au sein de la gendarmerie  puisque cela revient à désavouer le général Bruno Razafindrakoto.