vendredi , 17 mai 2024
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Alors que la contestation, nationale et internationale, ne faiblit pas, Andry Rajoelina a procédé à la nomination de 41 membres de la Haute Autorité de la Transition.

Transition : La porte ouverte à l’anarchie ?

D’une part, la communauté internationale condamne la prise de pouvoir et le « coup d’Etat » de Andry Rajoelina. D’autre part, la contestation de la structure de la Transition et de sa légitimité se poursuit sous différentes formes. Mais Andry Rajoelina continue à narguer les réactions internationales et les partisans du président déchu Marc Ravalomanana.

Même au niveau national, la Haute Autorité de la Transition doit faire face à un vent de contestation. L’ancien président Albert Zafy, qui dirige le mouvement CRN (Comité pour la Réconciliation nationale), vient d’exprimer sa réticence vis-à-vis de la structure de la Transition. Il spécifie qu’une convention nationale devait précéder la mise en place de la structure et préconise actuellement la mise en place des provinces autonomes en signe de contestation. En clair, les provinces autonomes seront, d’après Albert Zafy, mises en place pour contrecarrer la « dictature » instaurée par Andry Rajoelina. Il s’agit donc de remettre sur les rails les anciennes six provinces de la Grande Ile. Albert Zafy a spécifié qu’il a, à plusieurs reprises, rencontré Andry Rajoelina mais qu’aucun terrain d’entente n’a été trouvé.

Dans le même temps, les partisans de Marc Ravalomanana continuent d’exiger son retour au pouvoir, tout comme la communauté de l’Afrique Australe (SADC) qui a carrément sommé Rajoelina de quitter les bureaux de la présidence de Madagascar. Dans le microcosme politique malgache on parle d’éventuelle intervention militaire de la SADC en vue d’un retour aux dispositions constitutionnelles à Madagascar, à savoir la reprise du pouvoir par Ravalomanana, mais les proches de Andry Rajoelina parlent de « bluff ». Ce qui est sûr est que la Grande Ile n’a pas retrouvé la sérénité sociale.

En effet, les partisans de l’ex-président ont continué à manifester, mercredi 1er avril, dans le centre de la capitale. Une tentative de rassemblement sur la place historique du 13 mai s’est soldée par un affrontement entre les pro-Ravalomanana et les partisans de Andry Rajoelina.

Pour sa part, le président de la Transition s’est déplacé à Fianarantsoa en compagnie de Pety Rakotoniaina, ancien collaborateur de Ravalomanana, détenu depuis 2007 et récemment gracié. Pety Rakotoniaina a été par ailleurs sacré par Rajoelina « maire » de Fianarantsoa en remplacement du premier magistrat de la ville issu du parti TIM, fondé par Ravalomanana. Autant d’événements qui laissent croire à une institutionnalisation de l’arbitraire.

Aujourd’hui, la décision de Albert Zafy de s’opposer à la Transition et de mettre en place les « provinces autonomes » suscitent plus de questions que de réponses. Des observateurs se demandent si l’initiative ne débouchera pas sur des velléités de mise en place des fameux « barrages anti-économiques » pour asphyxier la capitale, à l’image de ceux installés par Didier Ratsiraka en 2002, quand l’ex-président de la Grande Ile a été chassé du pouvoir au terme d’une longue crise post-électorale. Malgré tout, Albert Zafy précise qu’il ne veut pas provoquer une division entre les Malgaches.