dimanche , 19 mai 2024
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Sorti libre de la prison d’Antanimora après avoir purgé une peine de deux mois fermes, le maire d’Ankaraobato et président de l’Association des Maires de Madagascar a réintégré son bureau à la mairie de sa commune. Le lendemain de sa reprise de fonction, il est destitué par le ministère de l’Intérieur de la HAT. Guy Maxime Ralaiseheno estime être dans son droit. Sa condamnation ne justifie effectivement pas cette mesure politique contre l’un des rares élus qui ont tenu tête à l’autorité de fait.

Un coup de l’Etat contre le maire d’Ankaraobato, encore un élu évincé

Le ministre de l’Intérieur a signé le 26 janvier 2011 la suspension du maire d’Ankaraobato et le remplacement de celui-ci par le 1er adjoint. Chose curieuse, il s’agit bien d’une suspension avec une durée d’un mois et non pas d’une destitution. La HAT semble vouloir éviter une novelle bourde et prend le temps avant de nommer un PDS pro TGV. Guy Maxime Ralaiseheno ne s’y trompe d’ailleurs pas. « C’est juste un moyen de renverser le maire dans le but de mettre en place un PDS », clame-t-il.

La décision du ministère de l’Intérieur est motivée par la loi 94-008. « Cette loi ne concerne que les maires coupables de détournement de fonds, par ailleurs, un maire mis en cause doit fournir des explications écrites, ce qui n’a pas été mon cas », se défend le maire élu d’Ankaraobato. « La gestion de ma commune a toujours été propre, il n’y a eu aucun détournement », a-t-il ajouté.

La décision du ministère de l’Intérieur vient au lendemain d’une recommandation en public d’un haut responsable du ministère de la Décentralisation d’une suspension à l’encontre du maire d’Ankaraobato. Le motif est la condamnation de celui-ci à une peine de prison. Mais encore, la condamnation en question ne concerne pas un crime ni un acte de violence susceptible d’être inscrit dans l’extrait N°3 d’un casier judiciaire. La légèreté de la peine permet au maire d’Ankaraobato d’être éligible.

Le tribunal va-t-il prendre une mesure exceptionnelle afin d’inscrire cette petite condamnation « politique » dans le casier judiciaire de l’intéressé. C’est le seul moyen légal d’empêcher Guy Maxime Ralaiseheno de recouvrer son fauteuil de maire ou de briguer un mandat à sa propre succession. Et encore, le maire d’Ankaraobato a fait appel de sa condamnation, ce qui a un effet suspensif même si sa peine a déjà  été purgée. Les autres moyens sont politiques.

Arrêté sans ménagements par les forces de l’ordre à Analakely, le 20 novembre 2010, alors qu’il préparait un rassemblement pour dénoncer une grotesque décision de la HAT de tenir une élection communale anticipée pour satisfaire les TGV, le maire d’Ankaraobato a été jugé coupable. Cette condamnation ouvertement politique a été clémente : deux mois de prison ferme pour les faits d’appel à une manifestation de rue non autorisée et refus d’obtempérer aux injonctions des forces de l’ordre.

Guy Maxime Ralaiseheno est un maire indésirable et la méfiance est justifiée. Celui qui dirige le pays n’est-il pas un maire élu ? Pas question pour la HAT de laisser ce héros et ancien prisonnier politique de continuer à avoir des influences sur les autres maires toujours en place. Déjà, le président de l’Association des maires de Madagascar a gagné son combat contre la HAT puisque l’élection communale a été reportée. C’est grâce à Guy Maxime Ralaiseheno et non pas à un miraculeux moment de clairvoyance du premier ministre Vital. Le petit maire a empêché l’omnipotente autorité de fait de commettre une monumentale erreur. Encore heureux que le ridicule ne tue pas… un régime.