mardi , 21 mai 2024
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Les autorités de fait multiplient les décisions et les mesures pour écarter les autres mouvances politiques. Le premier ministre de consensus Eugène Mangalaza est évincé au profit de Cécile Manorohanta, ministre de l’intérieur, qui va devenir officiellement premier ministre par intérim. Les choses se précipitent en désordre au sommet de l’Etat.

Un intérim dans la transition : retour au désordre constitutionnel

La vacance de poste au niveau de la primature est partiellement résolue. La présidence de la transition a communiqué d’urgence l’abrogation du décret de nomination d’Eugène Mangalaza. Cette mesure enlève toute ambigüité vu que les autorités ont dû se plier à autoriser les délégations des autres mouvances à rentrer au pays après les avoir frappés d’interdiction d’entrée sur le territoire. Le premier ministre de consensus adoubé lors de la rencontre d’Addis Abeba et celle de Carlton – Antananarivo le 06 octobre est officiellement démis de ses fonctions par Andry Rajoelina.

Pas de changement dans le gouvernement, même pas une once de remaniement. Le premier ministre Eugène Mangalaza n’a jamais pu agir comme tel, bloqué par les ministres de la HAT nommés sous Monja Roindefo II. Andry Rajoelina a confié le gouvernement au vice-premier ministre et ministre de l’Intérieur Cécile Manorohanta lorsque lui-même et le premier ministre Mangalaza étaient à Addis Abeba. Depuis, l’ancienne ministre de la Défense nationale sous le régime Ravalomanana a été officieusement le chef du gouvernement par intérim.

Après l’éviction officielle d’Eugène Mangalaza, Cécile Manorohanta est nommé officiellement « Premier ministre, chef du gouvernement de la transition par intérim ». Comme annoncé par Andry Rajoelina lors de son show télévisé, les autres vice-premiers ministres et les ministres de ce gouvernement sans tête sont maintenus à leur poste. La capitaine de l’équipe gouvernementale sera donc celle qui va organiser les élections. Cécile Manorohanta a été préférée à Ny Hasina Andriamanjato parce qu’elle est virtuellement issue de la mouvance Ravalomanana. L’intéressée a toutefois reconnu être dans le gouvernement comme une simple citoyenne qui accepte une responsabilité.

Pour nommer un premier ministre de la transition par intérim, il faut bien un artifice légal. La présidence Rajoelina fait un raccourci, se contentant de faire référence à la Constitution qui détermine les attributions du chef du gouvernement. Elle revient donc à une référence aussi symbolique que virtuelle s’écartant de la charte de la transition et des accords politiques. Pas tout à fait puisque Andry Rajoelina semble avoir du mal à se défaire de son nouveau titre honorifique de président de la transition acquis à Addis Abeba.

Le conseil des ministres du gouvernement Rajoelina se feront sans les co-présidents de la transition. Fetison Andrianirina et Emmanuel Rakotovahiny sont ignorés tout simplement celui qu’ils devaient assister pour diriger ensemble le pays. Le cas de la Haute autorité de la transition est en suspens. Cet organe dont Andry Rajoelina est le président n’a pas eu de fonction à part la défense du régime de la transition. Un autre organe dénommé Haut conseil à la transition est évoqué. Dans son unilatéralisme, la mouvance Rajoelina pense se doter d’une assemblée nationale durant la dernière partie de la transition. Ce pouvoir législatif arrivera après l’adoption d’importantes lois par ordonnance comme la loi des finances ou encore la loi électorale. Le désordre constitutionnel est de retour.