samedi , 18 mai 2024
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La nomination du Vice-amiral d’Escadre, Hyppolite Ramaroson au ministère des Affaires Etrangères a été attendue même si la HAT semblait hésiter à remplacer le démissionnaire Ny Hasina Andriamanjato. Le gouvernement de transition se renforce par le plus haut gradé de l’Armée et non moins l’un des furtifs chefs d’Etat à qui le président Ravalomanana avait confié le pouvoir sous la pression de la rue en mars 2009.

Un vice-amiral aux affaires étrangères, la transition militaro-civile se précise

Le 17 mars 2009, le directoire militaire composé de trois hauts gradés de l’armée  a été séquestré par les gros bars de la HAT, l’autorité insurrectionnelle de l’époque. Ils étaient bien entourés par les éléments du Capsat et autres officiers mutins, invités à transmettre le pouvoir qu’ils venaient d’obtenir du président élu Marc Ravalomanana. Hyppolite Ramaroson était supposé être le plus haut en grade même si cette thèse avait été un temps contesté. Le débat n’a plus lieu d’être aujourd’hui puisque l’officier de la marine a été promu par Andry Rajoelina Vice-amiral d’Escadre.

Cette promotion dans la carrière militaire de l’ancien ministre de la pêche sous le régime Ravalomanana n’est pas fortuite. Hyppolite Ramaroson a servi d’argument politique et diplomatique pour Andry Rajoelina qui est toujours obligé de défendre sa vision de « la réalité » sur son accession au pouvoir. Difficile cependant de justifier la légalité d’un coup d’Etat militaro-civil qui est tout simplement un changement anticonstitutionnel de gouvernement. En un an à la tête des autorités de fait, l’ancien maire d’Antananarivo n’a pas réussi à convaincre la communauté internationale. A moins de mois de l’ultimatum du GIC pour revenir à la Charte de Maputo, il fait une dernière tentative en nommant l’un des membres du directoire militaire d’un jour aux Affaires Etrangères.

Hyppolite Ramaroson est en effet le mieux placé pour affirmer au monde que la transmission du pouvoir de Marc Ravalomanana vers Andry Rajoelina a été légale. Malheureusement pour lui, le coup de force du Capsat à Antanimena et les virulentes déclarations du jeune chef de l’Etat autoproclamé à l’encontre des représentants de la communauté internationale en mars 2009 ne peuvent pas être effacés. La stratégie est simple : témoigner que malgré les apparences, les trois généraux séquestrés et un chef d’église retenu en otage, la passation du pouvoir vers le maire d’Antananarivo a été faite en toute liberté. La légalité de ce transfert a été validée plus tard par une Haute Cour Constitutionnelle sommée de prendre acte de l’effectivité du nouveau pouvoir. Cette démarche n’est pas nouvelle puisque Hyppolite Ramaroson a été à maintes reprises sollicité par Andry Rajoelina pour faire ce genre de témoignage au près de la communauté internationale. Sans succès.

Pour éviter la formation d’un gouvernement d’union nationale et une transition inclusive et consensuelle, Andry Rajoelina est obligé d’insister sur la légalité de sa prise de pouvoir. En tant que ministre des Affaires Etrangères, le Vice-amiral a-t-il de meilleure chance de convaincre. Rien n’est moins sûr. Sa nomination renforce l’impression de voir un gouvernement militaro-civil qui défend la position de la HAT. Des officiers dans l’équipe gouvernementale, ce n’est pas tout à fait nouveau puisque même sous la présidence de Marc Ravalomanana, on avait un chef de gouvernement et un ministre des Affaires étrangères qui sont des militaires. Il aura fallu Andry Rajoelina reconduire certains ministres du précédent gouvernement Rabemananjara pour un gouvernement de transition d’union nationale, à commencer par récupérer le général retraité Marcel Ranjeva aux Affaires Etrangères.